Flavius a écrit:Un livre qui risque de faire du bruit.
Laurent Toubiana, est un chercheur épidémiologiste chercheur à l'INSERM, travaille à l'Institut de la Santé et de la Recherche Médicale. Il est par ailleurs le fondateur d'une association nommée "Institut de Recherche pour la valorisation des données de Santé.(IRSAN), qui propose ses analyses relatives à certaines épidémies.
Diplômé de l'Ecole Polyethnique universitaire de Paris-Saclay ; puis l'Institut national de recherche en informatique et en automatisme (Inria). Docteur en physique - Centre national d'études spatiales. DEA en démographie de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
Une pointure, s'il en est.
Il publie un livre sur la gestion de la crise de la Covid. " Covid 19 - Une autre vision de l'épidémie."
Encore un qui s'est planté pratiquement tout le temps.
Il vient de sortir une étude bidon avec un sociologue qui raconte des conneries grosses comme lui.
Je constate que raconter n'importe quoi rapporte. Les bouquins se vendent comme des petits pains. Raoult en a sorti 9 pendant la pandémie.
Que vaut l’étude de Toubiana et Mucchielli sur la « très faible » surmortalité due au Covid ?
L’épidémiologiste Laurent Toubiana, proche des « rassuristes », affirme que la surmortalité en 2020 a été nulle pour les moins de 65 ans et de 4 % pour les plus de 65 ans. Mais son analyse comporte des biais sur le fond et la forme.
C’est
« une étude édifiante », affirme Sud Radio, qui aime donner la parole aux antirestrictions et l’a publiée en avant-première. Vendredi 26 mars, l’épidémiologiste Laurent Toubiana a cosigné, avec trois autres auteurs, une analyse affirmant que
« le Covid-19 a eu un impact relativement faible sur la mortalité en France ». On y lit que l’épidémie due au SARS-CoV-2 :
- n’a pas eu d’incidence sur la mortalité des moins de 65 ans ;
- a entraîné une surmortalité de seulement 3,66 % chez les plus de 65 ans (depuis rectifiée à 4,1 %) ;
- est loin des prédictions « catastrophiques » (500 000 morts) annoncées ;
- a été gérée avec des mesures sanitaires « disproportionnées ».
Que peut-on dire de la fiabilité de cette étude ? Eléments de réponse.
Une étude qui pose question sur la forme
Avant même d’aborder le contenu, signalons que le texte sur lequel s’appuie Sud Radio ne répond pas aux normes habituelles d’une publication scientifique reconnue.
- Un « preprint » à l’autorité scientifique limitée
Premier élément à rappeler : le texte publié est un « preprint » (ou prépublication), c’est-à-dire un article qui n’a pas été évalué par ses pairs, étape indispensable pour pouvoir parler de « publication scientifique ».
L’étude porte sur des questions de démographie, mais seul Laurent Toubiana, épidémiologiste de métier, a une formation en démographie. Ses coauteurs, Laurent Mucchieli et Jacques Bouaud, sont respectivement sociologue de la criminalité et expert en systèmes informatiques d’aide à la décision médicale.
Plus troublant, le quatrième signataire, Pierre Chaillot, attaché statisticien, est présenté comme chercheur à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Or, l’institut assure au
Monde n’être
« associé en aucune façon à cette étude » et affirme que
« la mention de l’affiliation de son auteur à l’Insee est à la fois erronée et trompeuse ». M. Chaillot précise qu’il appartient au corps de l’Insee mais est en détachement dans une collectivité territoriale depuis 2019. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), institut d’appartenance de Laurent Toubiana, s’est également désolidarisé de l’article.
- Des concepts démographiques confondus
Ce manque d’expertise des auteurs conduit à un manque de rigueur dans les termes et méthodes employés, estime France Meslé, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED) et membre de l’unité de recherche mortalité, santé, épidémiologie :
« Il y a une confusion permanente entre mortalité [le rapport entre le nombre annuel de décès et la population totale]
et nombre de décès ; le calcul de la différence entre décès attendus et décès observés n’est pas clair ; la méthodologie est très peu expliquée. »Des biais dans l’approche
- L’impossible comparaison avec le scénario du pire
Cette étude entend démontrer que les mesures de restrictions sanitaires étaient disproportionnées et que le risque lié à la pandémie était surévalué. Pour cela, elle cite la prévision de
« 500 000 morts » (en réalité, entre 400 et 500 000) avancée mi-mars 2020 par l’épidémiologiste Neil Ferguson, de l’Imperial College à Londres.
« Ils sont où aujourd’hui, ces morts ? », s’interroge M. Toubiana.
Il ne précise pas que cette estimation était un scénario du pire, qui se fondait sur les hypothèses de mortalité les plus élevées qui auraient pu être observées en l’absence de mesures radicales de prévention. Or, ce scénario ne s’est pas produit, puisque, justement, deux confinements ont été mis en place (au printemps puis à l’automne 2020), empêchant de mesurer la précision de ces prédictions. Une incohérence qui n’en est pas une, estime l’épidémiologiste, qui nie farouchement l’efficacité, pourtant documentée, du confinement.
- Un calcul sur l’année qui lisse les deux pics épidémiques
L’objet de cette étude est d’analyser la mortalité sur l’ensemble de l’année 2020. Or, cette analyse sur un an tend à lisser le nombre de décès.
« En 2019, la mortalité était inférieure à la moyenne des dernières années en raison de l’absence d’épidémie de grippe. C’est aussi vrai pour janvier-février 2020 », rappelle France Meslé, de l’INED. Or, c’est au printemps et dans une moindre mesure en novembre 2020 que la surmortalité liée au Covid-19 a été la plus forte. Le pays a dépassé les 2 000 morts presque tous les jours entre le 16 mars et le 19 avril, et très fréquemment du 21 octobre au 16 décembre 2020, et a même connu 2 800 décès par jour, quand la moyenne en temps normal tourne entre 1 400 et 1 900.
« Bien entendu, c’est ce qu’on appelle le théorème de Shannon », convient Laurent Taubiana :
« Si on veut voir un phénomène court, on choisit un échantillonnage court. Là, on a choisi non pas l’élément fugace, mais sur une année entière. Cette année-là, il y a eu deux épidémies, c’est exceptionnel, et j’essaie de voir au total ce qu’elles ont produit comme morts, sur l’année. »A ses yeux, le Covid est
« un virus pas très méchant, qui n’a touché que les personnes sensibles ».Quelques conclusions qui font l’unanimité…
Certaines des conclusions de l’étude corroborent celles des chercheurs spécialisés sur la question.
- Pas de surmortalité pour les moins de 65 ans
L’étude de M. Toubiana affirme que l’épidémie n’a pas eu d’effet sur le nombre de décès chez les moins de 65 ans. C’est vrai. L’Insee [url=https://www.insee.fr/fr/information/5013803#:~:text=%C3%80 la date du 15,%C3%A9tablit ainsi %C3%A0 53 900.]en faisait déjà part[/url] à la mi-janvier 2021 ; la surmortalité est de + 2 % pour les 50-64 ans, mais de – 1 % pour les 25-49 ans et même de – 6 % pour les moins de 25 ans. Un phénomène qui s’explique à la fois par la faible létalité du Covid-19 chez les populations jeunes, mais aussi par la chute des autres causes de décès comme les morts sur la route, en baisse de 21,4 % par rapport à 2019, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.
- Une partie des décès s’explique par le vieillissement de la population
L’étude évoque
« l’évolution de la structure de la population française marquée par un vieillissement et donc une augmentation tendancielle de la mortalité ». Là aussi, c’est vrai : la tendance en France est structurellement à la hausse depuis plusieurs années. Comme l’expliquait au
Monde Sylvie Le Minez, chef du département des études démographiques et sociales à l’Insee, ce phénomène s’explique par
« l’arrivée des générations du baby-boom, beaucoup plus nombreuses que les autres, dans des âges où l’on meurt plus souvent ». L’année 2019 détenait déjà le record de l’année la plus meurtrière de l’après-guerre.
« C’est un effet important, qui a été minimisé par le démographe Gilles Pison. Il l’estime à 13 000, moi à 17 000 », précise au
Monde Laurent Toubiana.
… mais une interprétation générale qui fait débat
- Plusieurs chiffres concurrents pour la surmortalité
L’étude portée par M. Toubiana compare la mortalité de 2020 à celle qui aurait dû être la mortalité en 2020 sans Covid-19.
« Ma référence pour ce calcul, c’est ce que j’ai pu lire ou faire à l’époque de la canicule, et notamment les travaux de Denis Hémon et Eric Jougla sur la surmortalité liée à la canicule en 2003 », précise M. Toubiana, qui juge les autres méthodes
« peu classiques ».
En démographie, la surmortalité s’obtient en comparant deux séries entre elles (par classe d’âge, par sexe, par année, etc.), mais il existe plusieurs manières de calculer celle-ci.
« On peut discuter à l’infini là-dessus. Que prend-on comme niveau de mortalité normal ? La moyenne de ces dernières années ? 2019 ? Avec ou sans la grippe, qui est un accident épidémique ? », interroge France Meslé.
Le mode de calcul retenu par cette étude minimise l’impact de l’épidémie
Le mode de calcul retenu par cette étude minimise l’impact de l’épidémie. Selon l’Insee, qui prend un autre point de comparaison (en l’occurrence, l’année 2019), la surmortalité globale en 2020 a été de 9 %.
« L’année 2019 n’avait pas été une année à forte mortalité. Pour éviter ce biais, j’ai fait une intégration sur trois ans », se justifie Laurent Toubiana. Après avoir réajusté un calcul, il a néanmoins relevé le taux de surmortalité de quelques dixièmes de points, à 4,1 %.
- Des experts divisés sur la gravité de l’épidémie
D’une manière générale, les conclusions de Laurent Toubiana et de ses collègues ne font pas l’unanimité. Leur ligne consistant à minimiser la gravité de l’épidémie n’est pourtant pas isolée. Dans une tribune au
Monde, l’historien et démographe Hervé Le Bras, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) invitait lui aussi à
« nuancer la gravité de l’épidémie », estimant que
« la crainte engendrée par le virus semble en relation inverse de sa létalité ». Mais d’autres experts ont de la situation une lecture plus noire. L’Insee, qui a publié le 29 janvier un bilan consolidé de son analyse de l’année 2020, évoque au contraire
« une hausse des décès inédite depuis soixante-dix ans », une mortalité
« exceptionnelle », dont l’augmentation est
« notamment très supérieure à celle observée lors des épisodes grippaux et caniculaires sévères des années précédentes » Dans une étude de mars 2021, l’INED évoque elle aussi une augmentation nette du nombre de décès, et un bilan
« accablant » de 68 000 décès liés au Covid-19 en 2020,
« en dépit des mesures prises pour freiner la propagation du virus. » Au 31 mars 2021, le Covid-19 a été associé à 95 000 morts en France.
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