hihi! C'est juste un chanteur qui s'est grimé pour l'occasion d'un clip....veux tu que je poste le lien de ce clip?Moiself a écrit:
Mais ton avatar me fiche toujours les chocottes !
+5
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A. Finkielkraut et antiracisme
Invité- Invité
- Message n°76
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Moiself- Messages : 22569
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- Message n°77
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
ediziz a écrit:
hihi! C'est juste un chanteur qui s'est grimé pour l'occasion d'un clip....veux tu que je poste le lien de ce clip?
Nan nan, vraiment pas, sans façon ! Tu m'avais dit que c'était le leader d'un groupe allemand si je me souviens bien, ou kèke chose comme ça. N'empêche, tu aurais une horloge sur le dos au coin d'un bois, je ne te demanderais pas l'heure !
Invité- Invité
- Message n°78
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Moiself a écrit:
Nan nan, vraiment pas, sans façon ! Tu m'avais dit que c'était le leader d'un groupe allemand si je me souviens bien, ou kèke chose comme ça. N'empêche, tu aurais une horloge sur le dos au coin d'un bois, je ne te demanderais pas l'heure !
tout à fait, le groupe Rammstein!
tu m'as fait hurler de rire avec ton histoire d'heure
cristaline- Messages : 27026
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- Message n°79
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Azhalee a écrit:
Ah ? C'est pas pire que le mien. Quand tu sais où trouver les choses, ça n'est pas du bordel.
Merci, les amies ( avec Ara, aussi !) ; j'explique ça depuis des lustres à mon mari !!
Françoise Dolto avait horreur qu'on vienne ranger son bordel, car elle s'y retrouvait ; je perds les choses quand je les range !
Ara- Messages : 6459
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- Message n°80
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
beced a écrit:
Je cite de mémoire : "l'Académie doit representer tous les courants de la culture, et de ce fait Finkielkraut y a toute sa place d'autant plus qu'il est un amoureux de la langue française qu'il manie avec beaucoup d'élégance"
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
= (Melanchon )
Voici ce qu'en dit Ivan Rioufol, que tu apprécies aussi, si je me souviens bien :
Alain Finkielkraut à l’Académie française, c’est la victoire de la pensée libre contre l’étouffant conformisme. Son élection met un terme à l’ostracisme qu’ont à subir le plus souvent les "néo-réacs", ainsi désignés par la bien-pensance. Finkielkraut fait partie de ces compatriotes de fraiche date qui, après avoir découvert la richesse de la culture française, se scandalisent de la voir si peu défendue par ses héritiers. Ce sont ses alertes répétées qui viennent d’être entendues. Il était temps.
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Invité- Invité
- Message n°81
"bordel" organisé?
Azhalee a écrit:
Ah ? C'est pas pire que le mien. Quand tu sais où trouver les choses, ça n'est pas du bordel.
Votre réponse me réconforte, Azhalée! Quand je range, je ne retrouve rien! Evidemment je me fais "enguirlander" lorsque l'on ne voit plus de quoi les dessus de meubles sont faits. Alors que je tombe très vite sur ce que je recherche dans le désordre apparent.
En activité, j'avais institué un triple rangement: ordre alphabétique, chronologique et thématique. Mais c'était uniquement destiné à mes collaborateurs en mon absence. Vive le "bazar", notre main va droit au but, à la stupéfaction des "ordonnés(es)". Merci, je me sens moins seul...
cristaline- Messages : 27026
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- Message n°82
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Bergson63 a écrit:
Votre réponse me réconforte, Azhalée! Quand je range, je ne retrouve rien! Evidemment je me fais "enguirlander" lorsque l'on ne voit plus de quoi les dessus de meubles sont faits. Alors que je tombe très vite sur ce que je recherche dans le désordre apparent.
En activité, j'avais institué un triple rangement: ordre alphabétique, chronologique et thématique. Mais c'était uniquement destiné à mes collaborateurs en mon absence. Vive le "bazar", notre main va droit au but, à la stupéfaction des "ordonnés(es)". Merci, je me sens moins seul...
Bienvenue au club !!!
Je me reconais tellement dans cette description !
Invité- Invité
- Message n°83
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Cet adage "au royaume des aveugles les borgnes sont rois" est un faux.Flavius a écrit:
C'est l'utilité que je veux bien leur reconnaître. Mais comme dit l'adage : au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Et Brassens de signer : quand on est con, on est con...
Mais bon, rien ne nous interdit non plus de faire preuve d'un peu d'optimisme.
Pierre Dac (mon maitre) a rétabli la vérité : Au royaume des aveugles les borgnes sont mal vus.
Flavius- Modérateur
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- Message n°84
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
jacot3 a écrit:
Cet adage "au royaume des aveugles les borgnes sont rois" est un faux.
Pierre Dac (mon maitre) a rétabli la vérité : Au royaume des aveugles les borgnes sont mal vus.
Vous me l'aviez déjà fait remarqué, mais c'est vrai qu'on ne s'en lasse pas.
Flavius- Modérateur
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- Message n°85
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Ara a écrit:
Voici ce qu'en dit Ivan Rioufol, que tu apprécies aussi, si je me souviens bien :
Alain Finkielkraut à l’Académie française, c’est la victoire de la pensée libre contre l’étouffant conformisme. Son élection met un terme à l’ostracisme qu’ont à subir le plus souvent les "néo-réacs", ainsi désignés par la bien-pensance. Finkielkraut fait partie de ces compatriotes de fraiche date qui, après avoir découvert la richesse de la culture française, se scandalisent de la voir si peu défendue par ses héritiers. Ce sont ses alertes répétées qui viennent d’être entendues. Il était temps.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Si Finkielkraut, amoureux de la langue française et de sa culture, est légitimement fier de rejoindre les immortels qui défendent notre langue, la noble maison doit être aussi honorée de la place que va occuper son nouvel hôte.
Invité- Invité
- Message n°86
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Et réciproquement.Bergson63 a écrit:
Votre réponse me réconforte, Azhalée! Quand je range, je ne retrouve rien! Evidemment je me fais "enguirlander" lorsque l'on ne voit plus de quoi les dessus de meubles sont faits. Alors que je tombe très vite sur ce que je recherche dans le désordre apparent.
En activité, j'avais institué un triple rangement: ordre alphabétique, chronologique et thématique. Mais c'était uniquement destiné à mes collaborateurs en mon absence. Vive le "bazar", notre main va droit au but, à la stupéfaction des "ordonnés(es)". Merci, je me sens moins seul...
En fait, je me dis que mon bureau est à l'image de mon cerveau. Non pas que je sois dérangée, encore que certaines mauvaise langues... Mais comme je suis tête en l'aire et rêveuse, si je range un truc, j'ai toutes les peines du monde à le retrouver. (Je ne parle que de mon bureau).
En même temps, je suis tombée sur la tête étant petite, ceci explique peut-être cela.
Ara- Messages : 6459
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Age : 24
- Message n°87
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Débat houleux entre Edwy Plenel et Alain Finkielkraut
"Le débat promettait d’être houleux. Il l’a été. Edwy Plenel et Alain Finkielkraut posent sur l’islam un regard totalement opposé. Invités sur le plateau de l’émission “28 minutes” pour débattre de la question de l’islam en France, les deux hommes se sont violemment opposés. Le premier estimant qu’il n’y a pas de “problèmes avec l’islam en France” tandis que le second est convaincu que “la frange la plus radicale et sectaire de l’islam attaque le principe de laïcité républicaine”. A la fin de l’émission, le président et cofondateur de Mediapart a déclaré qu’Alain Finkielkraut était devenu une “aubaine pour le Front national”.
L’académicien lui a répondu : “Edwy Plenel aime à se considérer comme le Zola des musulmans. Eh bien, avec un dreyfusard comme vous, les Juifs n’ont pas besoin d’antisémites.”
La vidéo dans le lien :
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Flavius- Modérateur
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- Message n°88
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Ara a écrit:
Débat houleux entre Edwy Plenel et Alain Finkielkraut
"Le débat promettait d’être houleux. Il l’a été. Edwy Plenel et Alain Finkielkraut posent sur l’islam un regard totalement opposé. Invités sur le plateau de l’émission “28 minutes” pour débattre de la question de l’islam en France, les deux hommes se sont violemment opposés. Le premier estimant qu’il n’y a pas de “problèmes avec l’islam en France” tandis que le second est convaincu que “la frange la plus radicale et sectaire de l’islam attaque le principe de laïcité républicaine”. A la fin de l’émission, le président et cofondateur de Mediapart a déclaré qu’Alain Finkielkraut était devenu une “aubaine pour le Front national”.
L’académicien lui a répondu : “Edwy Plenel aime à se considérer comme le Zola des musulmans. Eh bien, avec un dreyfusard comme vous, les Juifs n’ont pas besoin d’antisémites.”
La vidéo dans le lien :
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Ils sont en effet sur des registres bien différents. Mais il est toujours plus difficile d'évoquer la raison lorsque son vis à vis se réfère aux dogmes idéologiques. De toute façon, Plenel participe à ce courant de pensée qui promeut l'antisémitisme qui se veut light puisque Trotskiste, en ayant recours à cet effet à l'antisionisme et l'israélophobie. Nous connaissons cette sémantique devenue aujourd'hui classique.
En fait si l'on prête attention, l'extrême droite et l'extrême gauche emploient le même idiome pour développer un programme pratiquement identique à quelques nuances près. Ils deviennent interchangeables.
beced- Messages : 51823
Date d'inscription : 31/12/2013
- Message n°89
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
En plus de l'article qui est paru dans "le Point", il y a aussi la Chronique de Brice Couturier sur France Culture à propos de l'anniversaire de l'émission "Réplique" de Finkielkraut /13.04.2015 - 08:16 (peut -être réécouter )
Je le dis sans détour : je suis de ceux qui se réjouissent du succès d’Alain Finkielkraut, même si c’est tardivement qu’il devient aussi éclatant.
Je n’ai pas été surpris par La défaite de la pensée, qu’on présente comme son « tournant anti-moderniste », car ce livre est paru presque en même temps que « L’âme désarmée » d’Allan Bloom et que ces deux livres se rendaient mutuellement service. Comme le sait tout artilleur, réussir une canonnade nécessite deux postes éloignés, mais convergents. Finkielkraut élargissait le propos en se livrant à une attaque virulente contre l’abaissement de la culture dans le « tout-culturel », qui faisait manifestement écho à la politique menée, en France, par Jack Lang.
Bien sûr, j’ai été un peu fâché à l’époque que notre auteur, en rabaissant les cultures de masse, prétendît faire dégringoler de son piédestal la « culture rock ». A l’époque, en effet, je m’évertuais personnellement à donner aux « culture-jeunes » leurs lettres de noblesse, notamment sur notre antenne de France Culture. Et je n’ai pas manqué de le lui dire, essayant, je m’en souviens, de le persuader d’écouter Joy Division en lisant Pascal, puisqu’il s’agissait, lui ai-je assuré, de « rock janséniste…
J’ai apprécié sa défense des chrétiens du Liban, dont l’abandon préludait à la scandaleuse indifférence manifestée aujourd’hui, par les Européens, envers le génocide à l’œuvre, de la Syrie au Kenya en passant par l’Irak. J’ai aimé aussi que via notamment l’amitié nouée avec Milan Kundera, il prenne la défense de la partie centre-européenne de notre « Occident kidnappé ». Le Messager européen, revue créée et dirigée par Alain Finkielkraut, a contribué, comme la Lettre Internationale à laquelle il succédait chronologiquement, à jeter des ponts spirituels entre les deux moitiés de l’Europe. Il était considéré comme malséant, à l’époque – et pas seulement à gauche – de dénoncer le colonisateur soviétique. Bravo de l’avoir osé.
Beaucoup ont été choqués de voir Alain Finkielkraut prendre la défense de la Croatie, au nom du respect dû aux « petites nations ». Le courant dominant du moment prétendait renvoyer dos-à-dos l’agressé et l’agresseur. Milosevic eut longtemps bonne presse par chez nous et ceux qui lui résistaient étaient couramment accusés de « tribalisme ». Mais comment aurait-on pu défendre le droit à l’existence d’un minuscule Etat juif au Proche Orient et refuser l’auto-détermination aux Slovènes, Croates et Bosniaques ? L’illusion selon laquelle la forme politique de l’Etat-nation serait vouée - par l’histoire ! - à disparaître, fait rire aujourd’hui. Lisez La revanche du nationalisme, le dernier livre de Pierre-André Taguieff.
Quant à l’œuvre, elle faisait l’objet d’une critique de plus en plus hargneuse à mesure que se renforçaient la notoriété et l’influence de son auteur. Le plus troublant était la montée en puissance d’un écrivain qui avait négligé de cultiver ses réseaux, au point de passer pour complètement isolé et ne disposant comme relai d’influence que d’une émission à France Culture et d’une chaire à Polytechnique….
Car enfin, cette œuvre est marquée par une critique de la modernité, très isolée dans les années 80, mais qui est en train de devenir, elle aussi, assez tendance. Certes, ce n’est pas le son de cloche des médias qui donnent le ton et semblent, en rester, eux, à une déconstruction de cette modernité, menée au nom des idéaux qu’elle proclame.
Philippe Muray pouvait passer pour un excentrique isolé. Mais c’était l’arbre qui nous cachait la forêt : il faut lire l’acte d’accusation de Rémi Brague, Modérément moderne, ou plus récemment, Le règne de l’homme, les livres de Pierre Manent, du regretté Jena-François Mattéi, de Chantal Delsol, de Régis Debray, de Jean Clair, de Jean-Claude Michéa. L’assaut contre la modernité a cessé de procéder d’une critique interne – qui était celle de Tocqueville. Il a aussi remisé le vieux lexique heideggerien, qui s’en tenait à une mise en cause du règne de la technique et « métaphysique de la subjectivité », pour dénoncer franchement le projet moderne comme imposture et échec. Il conteste aux modernes le monopole de la raison. Il les accuse de nihilisme, pour avoir récusé, en bloc, un héritage qui les hante, à proportion qu’il le méconnaît. Quant à l’idée de progrès, on évite dorénavant de tirer sur cette ambulance…
Les médias, c’est leur rôle, aiment cuisiner notre Finky sur l’actualité. Ils guettent ce que nos censeurs appellent « le dérapage ». Mais il est troublant de constater que les « vigilants », persuadés, hier, de camper sur les sommets gratifiants de « l’antifascisme », sont aujourd’hui en position étrangement défensive. Chacun comprend que s’étant trompés, par anachronisme sur la nature du mal, insuffisamment renseignés sur les positions de l’ennemi, leurs boulets se sont perdus dans la mer… Notre rôle, à nous, ici, sur France Culture, surtout lorsqu’il s’agit en outre d’un charmant confrère, est d’éclairer le fond des choses. D’en revenir à la philosophie. Venons-y.
L’histoire de l’Europe, depuis les Lumières et peut-être même la Renaissance, se confond avec l’idée de modernité. Comment peut-on prétendre demeurer fidèle à la culture de l’Europe, en paraissant mettre en procès la modernité elle-même ? A partir de quel moment historique estimez-vous que l’Europe s’est fourvoyée ? Que faut-il sauver du projet politique des modernes, si tant est que vous lui trouviez quelque chose à sauver ? Et surtout : la marche arrière est-elle disponible, quand bien même on estimerait s’être engagé dans une impasse historique ?
Je le dis sans détour : je suis de ceux qui se réjouissent du succès d’Alain Finkielkraut, même si c’est tardivement qu’il devient aussi éclatant.
Je n’ai pas été surpris par La défaite de la pensée, qu’on présente comme son « tournant anti-moderniste », car ce livre est paru presque en même temps que « L’âme désarmée » d’Allan Bloom et que ces deux livres se rendaient mutuellement service. Comme le sait tout artilleur, réussir une canonnade nécessite deux postes éloignés, mais convergents. Finkielkraut élargissait le propos en se livrant à une attaque virulente contre l’abaissement de la culture dans le « tout-culturel », qui faisait manifestement écho à la politique menée, en France, par Jack Lang.
Bien sûr, j’ai été un peu fâché à l’époque que notre auteur, en rabaissant les cultures de masse, prétendît faire dégringoler de son piédestal la « culture rock ». A l’époque, en effet, je m’évertuais personnellement à donner aux « culture-jeunes » leurs lettres de noblesse, notamment sur notre antenne de France Culture. Et je n’ai pas manqué de le lui dire, essayant, je m’en souviens, de le persuader d’écouter Joy Division en lisant Pascal, puisqu’il s’agissait, lui ai-je assuré, de « rock janséniste…
J’ai apprécié sa défense des chrétiens du Liban, dont l’abandon préludait à la scandaleuse indifférence manifestée aujourd’hui, par les Européens, envers le génocide à l’œuvre, de la Syrie au Kenya en passant par l’Irak. J’ai aimé aussi que via notamment l’amitié nouée avec Milan Kundera, il prenne la défense de la partie centre-européenne de notre « Occident kidnappé ». Le Messager européen, revue créée et dirigée par Alain Finkielkraut, a contribué, comme la Lettre Internationale à laquelle il succédait chronologiquement, à jeter des ponts spirituels entre les deux moitiés de l’Europe. Il était considéré comme malséant, à l’époque – et pas seulement à gauche – de dénoncer le colonisateur soviétique. Bravo de l’avoir osé.
Beaucoup ont été choqués de voir Alain Finkielkraut prendre la défense de la Croatie, au nom du respect dû aux « petites nations ». Le courant dominant du moment prétendait renvoyer dos-à-dos l’agressé et l’agresseur. Milosevic eut longtemps bonne presse par chez nous et ceux qui lui résistaient étaient couramment accusés de « tribalisme ». Mais comment aurait-on pu défendre le droit à l’existence d’un minuscule Etat juif au Proche Orient et refuser l’auto-détermination aux Slovènes, Croates et Bosniaques ? L’illusion selon laquelle la forme politique de l’Etat-nation serait vouée - par l’histoire ! - à disparaître, fait rire aujourd’hui. Lisez La revanche du nationalisme, le dernier livre de Pierre-André Taguieff.
Quant à l’œuvre, elle faisait l’objet d’une critique de plus en plus hargneuse à mesure que se renforçaient la notoriété et l’influence de son auteur. Le plus troublant était la montée en puissance d’un écrivain qui avait négligé de cultiver ses réseaux, au point de passer pour complètement isolé et ne disposant comme relai d’influence que d’une émission à France Culture et d’une chaire à Polytechnique….
Car enfin, cette œuvre est marquée par une critique de la modernité, très isolée dans les années 80, mais qui est en train de devenir, elle aussi, assez tendance. Certes, ce n’est pas le son de cloche des médias qui donnent le ton et semblent, en rester, eux, à une déconstruction de cette modernité, menée au nom des idéaux qu’elle proclame.
Philippe Muray pouvait passer pour un excentrique isolé. Mais c’était l’arbre qui nous cachait la forêt : il faut lire l’acte d’accusation de Rémi Brague, Modérément moderne, ou plus récemment, Le règne de l’homme, les livres de Pierre Manent, du regretté Jena-François Mattéi, de Chantal Delsol, de Régis Debray, de Jean Clair, de Jean-Claude Michéa. L’assaut contre la modernité a cessé de procéder d’une critique interne – qui était celle de Tocqueville. Il a aussi remisé le vieux lexique heideggerien, qui s’en tenait à une mise en cause du règne de la technique et « métaphysique de la subjectivité », pour dénoncer franchement le projet moderne comme imposture et échec. Il conteste aux modernes le monopole de la raison. Il les accuse de nihilisme, pour avoir récusé, en bloc, un héritage qui les hante, à proportion qu’il le méconnaît. Quant à l’idée de progrès, on évite dorénavant de tirer sur cette ambulance…
Les médias, c’est leur rôle, aiment cuisiner notre Finky sur l’actualité. Ils guettent ce que nos censeurs appellent « le dérapage ». Mais il est troublant de constater que les « vigilants », persuadés, hier, de camper sur les sommets gratifiants de « l’antifascisme », sont aujourd’hui en position étrangement défensive. Chacun comprend que s’étant trompés, par anachronisme sur la nature du mal, insuffisamment renseignés sur les positions de l’ennemi, leurs boulets se sont perdus dans la mer… Notre rôle, à nous, ici, sur France Culture, surtout lorsqu’il s’agit en outre d’un charmant confrère, est d’éclairer le fond des choses. D’en revenir à la philosophie. Venons-y.
L’histoire de l’Europe, depuis les Lumières et peut-être même la Renaissance, se confond avec l’idée de modernité. Comment peut-on prétendre demeurer fidèle à la culture de l’Europe, en paraissant mettre en procès la modernité elle-même ? A partir de quel moment historique estimez-vous que l’Europe s’est fourvoyée ? Que faut-il sauver du projet politique des modernes, si tant est que vous lui trouviez quelque chose à sauver ? Et surtout : la marche arrière est-elle disponible, quand bien même on estimerait s’être engagé dans une impasse historique ?
Flavius- Modérateur
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- Message n°90
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Remarquable hommagebeced a écrit:En plus de l'article qui est paru dans "le Point", il y a aussi la Chronique de Brice Couturier sur France Culture à propos de l'anniversaire de l'émission "Réplique" de Finkielkraut /13.04.2015 - 08:16 (peut -être réécouter )
Je le dis sans détour : je suis de ceux qui se réjouissent du succès d’Alain Finkielkraut, même si c’est tardivement qu’il devient aussi éclatant.
Je n’ai pas été surpris par La défaite de la pensée, qu’on présente comme son « tournant anti-moderniste », car ce livre est paru presque en même temps que « L’âme désarmée » d’Allan Bloom et que ces deux livres se rendaient mutuellement service. Comme le sait tout artilleur, réussir une canonnade nécessite deux postes éloignés, mais convergents. Finkielkraut élargissait le propos en se livrant à une attaque virulente contre l’abaissement de la culture dans le « tout-culturel », qui faisait manifestement écho à la politique menée, en France, par Jack Lang.
Bien sûr, j’ai été un peu fâché à l’époque que notre auteur, en rabaissant les cultures de masse, prétendît faire dégringoler de son piédestal la « culture rock ». A l’époque, en effet, je m’évertuais personnellement à donner aux « culture-jeunes » leurs lettres de noblesse, notamment sur notre antenne de France Culture. Et je n’ai pas manqué de le lui dire, essayant, je m’en souviens, de le persuader d’écouter Joy Division en lisant Pascal, puisqu’il s’agissait, lui ai-je assuré, de « rock janséniste…
J’ai apprécié sa défense des chrétiens du Liban, dont l’abandon préludait à la scandaleuse indifférence manifestée aujourd’hui, par les Européens, envers le génocide à l’œuvre, de la Syrie au Kenya en passant par l’Irak. J’ai aimé aussi que via notamment l’amitié nouée avec Milan Kundera, il prenne la défense de la partie centre-européenne de notre « Occident kidnappé ». Le Messager européen, revue créée et dirigée par Alain Finkielkraut, a contribué, comme la Lettre Internationale à laquelle il succédait chronologiquement, à jeter des ponts spirituels entre les deux moitiés de l’Europe. Il était considéré comme malséant, à l’époque – et pas seulement à gauche – de dénoncer le colonisateur soviétique. Bravo de l’avoir osé.
Beaucoup ont été choqués de voir Alain Finkielkraut prendre la défense de la Croatie, au nom du respect dû aux « petites nations ». Le courant dominant du moment prétendait renvoyer dos-à-dos l’agressé et l’agresseur. Milosevic eut longtemps bonne presse par chez nous et ceux qui lui résistaient étaient couramment accusés de « tribalisme ». Mais comment aurait-on pu défendre le droit à l’existence d’un minuscule Etat juif au Proche Orient et refuser l’auto-détermination aux Slovènes, Croates et Bosniaques ? L’illusion selon laquelle la forme politique de l’Etat-nation serait vouée - par l’histoire ! - à disparaître, fait rire aujourd’hui. Lisez La revanche du nationalisme, le dernier livre de Pierre-André Taguieff.
Quant à l’œuvre, elle faisait l’objet d’une critique de plus en plus hargneuse à mesure que se renforçaient la notoriété et l’influence de son auteur. Le plus troublant était la montée en puissance d’un écrivain qui avait négligé de cultiver ses réseaux, au point de passer pour complètement isolé et ne disposant comme relai d’influence que d’une émission à France Culture et d’une chaire à Polytechnique….
Car enfin, cette œuvre est marquée par une critique de la modernité, très isolée dans les années 80, mais qui est en train de devenir, elle aussi, assez tendance. Certes, ce n’est pas le son de cloche des médias qui donnent le ton et semblent, en rester, eux, à une déconstruction de cette modernité, menée au nom des idéaux qu’elle proclame.
Philippe Muray pouvait passer pour un excentrique isolé. Mais c’était l’arbre qui nous cachait la forêt : il faut lire l’acte d’accusation de Rémi Brague, Modérément moderne, ou plus récemment, Le règne de l’homme, les livres de Pierre Manent, du regretté Jena-François Mattéi, de Chantal Delsol, de Régis Debray, de Jean Clair, de Jean-Claude Michéa. L’assaut contre la modernité a cessé de procéder d’une critique interne – qui était celle de Tocqueville. Il a aussi remisé le vieux lexique heideggerien, qui s’en tenait à une mise en cause du règne de la technique et « métaphysique de la subjectivité », pour dénoncer franchement le projet moderne comme imposture et échec. Il conteste aux modernes le monopole de la raison. Il les accuse de nihilisme, pour avoir récusé, en bloc, un héritage qui les hante, à proportion qu’il le méconnaît. Quant à l’idée de progrès, on évite dorénavant de tirer sur cette ambulance…
Les médias, c’est leur rôle, aiment cuisiner notre Finky sur l’actualité. Ils guettent ce que nos censeurs appellent « le dérapage ». Mais il est troublant de constater que les « vigilants », persuadés, hier, de camper sur les sommets gratifiants de « l’antifascisme », sont aujourd’hui en position étrangement défensive. Chacun comprend que s’étant trompés, par anachronisme sur la nature du mal, insuffisamment renseignés sur les positions de l’ennemi, leurs boulets se sont perdus dans la mer… Notre rôle, à nous, ici, sur France Culture, surtout lorsqu’il s’agit en outre d’un charmant confrère, est d’éclairer le fond des choses. D’en revenir à la philosophie. Venons-y.
L’histoire de l’Europe, depuis les Lumières et peut-être même la Renaissance, se confond avec l’idée de modernité. Comment peut-on prétendre demeurer fidèle à la culture de l’Europe, en paraissant mettre en procès la modernité elle-même ? A partir de quel moment historique estimez-vous que l’Europe s’est fourvoyée ? Que faut-il sauver du projet politique des modernes, si tant est que vous lui trouviez quelque chose à sauver ? Et surtout : la marche arrière est-elle disponible, quand bien même on estimerait s’être engagé dans une impasse historique ?
beced- Messages : 51823
Date d'inscription : 31/12/2013
- Message n°91
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Flavius a écrit:
Remarquable hommage
Ce qui est sympa est que France-Culture ce lundi matin a fait l'impasse sur la grève de Radio-France pour rendre l'hommage à Finkielkraut.
=
cristaline- Messages : 27026
Date d'inscription : 18/12/2013
- Message n°92
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Je suis une fan absolue d'Alain Finkelkraut, à qui le journal "le Point" consacre sa couverture et un long article ; nous sommes du même âge, je le rejoins sur tout et en tout, inconditionnellement ; intelligence et pertinence des analyses, justesse du propos, il avance envers et contre tout et tous, surtout de la bien pensance, ça fait du bien !
Moiself- Messages : 22569
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Age : 106
- Message n°93
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Christone,cristonne a écrit:Je suis une fan absolue d'Alain Finkelkraut, à qui le journal "le Point" consacre sa couverture et un long article ; nous sommes du même âge, je le rejoins sur tout et en tout, inconditionnellement ; intelligence et pertinence des analyses, justesse du propos, il avance envers et contre tout et tous, surtout de la bien pensance, ça fait du bien !
Au risque de te surprendre, ne soit pas surprise de ma réponse, mais je suis obligé de te dire que je ne suis pas d'un avis contraire.
Invité- Invité
- Message n°94
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Moiself a écrit:
Christone,
Au risque de te surprendre, ne soit pas surprise de ma réponse, mais je suis obligé de te dire que je ne suis pas d'un avis contraire.
Je partage aussi votre avis, fan peut-être pas, mais en accord avec certains de ses propos sur l'Islam, en particulier
""""Au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher de Vincennes, et après le refus cinglant des jeunes des « quartiers populaires » de participer à la grande manifestation unitaire du 11 janvier, il était difficile pour les Français, même les plus angéliques, de continuer à faire l'impasse sur les dangers et sur la séduction de l'islamisme radical. Mais la propension à noyer le poisson dans ses causes supposées n'a pas disparu. Et le gouvernement a donné l'exemple en dénonçant l'apartheid culturel, ethnique et territorial qui sévirait dans nos banlieues. Ainsi la République a-t-elle plaidé coupable pour les attaques mêmes dont elle faisait l'objet."""""
Lu dans Marianne du 09/04
cristaline- Messages : 27026
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- Message n°95
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Moiself a écrit:
Christone,
Au risque de te surprendre, ne soit pas surprise de ma réponse, mais je suis obligé de te dire que je ne suis pas d'un avis contraire.
Ouf, tu me rassures !
Moiself- Messages : 22569
Date d'inscription : 17/12/2013
Age : 106
- Message n°96
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
cristonne a écrit:
Ouf, tu me rassures !
Moiself- Messages : 22569
Date d'inscription : 17/12/2013
Age : 106
- Message n°97
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Ce n'est pas faux.Bête à Bon Dieu a écrit:
Je partage aussi votre avis, fan peut-être pas, mais en accord avec certains de ses propos sur l'Islam, en particulier
""""Au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher de Vincennes, et après le refus cinglant des jeunes des « quartiers populaires » de participer à la grande manifestation unitaire du 11 janvier, il était difficile pour les Français, même les plus angéliques, de continuer à faire l'impasse sur les dangers et sur la séduction de l'islamisme radical. Mais la propension à noyer le poisson dans ses causes supposées n'a pas disparu. Et le gouvernement a donné l'exemple en dénonçant l'apartheid culturel, ethnique et territorial qui sévirait dans nos banlieues. Ainsi la République a-t-elle plaidé coupable pour les attaques mêmes dont elle faisait l'objet."""""
Lu dans Marianne du 09/04
Flavius- Modérateur
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Localisation : Hérault
- Message n°98
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Moiself a écrit:
Christone,
Au risque de te surprendre, ne soit pas surprise de ma réponse, mais je suis obligé de te dire que je ne suis pas d'un avis contraire.
Pas plus que je ne le suis. La France ne peut que s'en enorgueillir de compter parmi ses élites, un type aussi complet et d'un réflexion qui peut parfaitement soutenir celle de Raymond Aron...
Moiself- Messages : 22569
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Age : 106
- Message n°99
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Absolument d'accord. C'est le digne successeur de Raymond Aron. Même clairvoyance et même analyse de la société de leur temps.Flavius a écrit:
Pas plus que je ne le suis. La France ne peut que s'en enorgueillir de compter parmi ses élites, un type aussi complet et d'un réflexion qui peut parfaitement soutenir celle de Raymond Aron...
Invité- Invité
- Message n°100
Re: A. Finkielkraut et antiracisme
Je plussoie !Flavius a écrit:
Pas plus que je ne le suis. La France ne peut que s'en enorgueillir de compter parmi ses élites, un type aussi complet et d'un réflexion qui peut parfaitement soutenir celle de Raymond Aron...