Bonsoir galadriel,galadriel a écrit:Je ne sais pas si je suis d'une génération bénie
je crois que je ne crois pas à la dite génération bénie ...bénie de quoi?
des dieux ? quels dieux? le dieu pognon, le dieu bonheur, le dieu amour ...pffff ;
de tout temps, chaque génération avait ses avantages et ses
inconvénients, son positif, son négatif.
Peut-être que ceux qui ont connus les trente glorieuses sont
umpeu plus avantagés que ceux qui sont d'après le premier
choc pétrolier des années 70 ? Dans les années 80 j'avais 20 ans
et on nous disait la génération perdue, celle du no future, le futur
on y est ! On n'est pas plus mal qu'une autre...on fait avec.
Et on essaie de ne pas tomber dans le "c'était mieux avant"
et avant quoi d'ailleurs, avant la maîtrise du feu, avant Darwin, avant l'industrialisation,
avant la pilule, avant les guerres et le terrorisme?-ils ont toujours existés
depuis que le monde est monde, depuis le plus petit organisme vivant qui essayait
déjà de survivre et de progresser- nous sommes pourtant perfectibles.
A-Men !
People try to put us down ...
talking about my generation
En fait, notre époque est surtout bénie, non pas forcément pour les bienfaits qu'elle a pu nous apporter, mais tout simplement parce qu'elle a rencontré notre jeunesse.
Certes, tout de suite après guerre, tous les espoirs étaient permis et le PC qui, dans les années 60 était à 22 %, nous le garantissait. Sur le plan économique, on pouvait acquérir, non par crédit, mais en économisant, la modernité : le réfrigérateur qui a remplacé la glacière, bienfait ultime des enfants qui étaient chargés en général d'aller chercher la glace, la machine à laver qui a libéré la mère Denis, le transistor qui nous permettait d'écouter les derniers tubes, tout en pique-niquant au bord de la Marne, de rentrer à la maison pour suivre à la radio dont l’œil de Moscou n'en finissait pas de s'allumer, la chronique de Geneviève Taboui, souper en écoutant la famille Duraton ; puis vint les premiers téléviseurs et ses interludes. Question culture, les polémiques acerbes entre Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, le féminisme agressif naissant avec Simone de Beauvoir, les tableaux de Picasso dont on cherchait le sens dans lequel il fallait les accrocher et le surréalisme avec André Breton, nourrissaient notre besoin de rébellion. Les chansonniers pouvaient encore dire des choses et les chansons de Brassens, grossier personnage s'il en est, asticotait les juges et les gendarmes. Guignol était sauvé.
Alors oui, je ne sais pas si mon époque était bénie, mais Dieu sait si je l'ai aimée. Toutefois, vous pouvez être rassurée, toutes les époques qui viennent trouveront leur bénédiction car elles rappelleront aux vieux cons, qu'ils ont été un jour de jeunes cons...et qu'ils ont bien aimé ça.
Il existe néanmoins des adultes à qui on a volé leur jeunesse. Ce sont ceux qui sont passés par les camps, qu'ils soient d'extermination ou non. Ceux-là ne peuvent parler d'époque bénie car ils n'ont pas eu de jeunesse. Ma génération n'est, fort heureusement, pas passée loin. Mais de temps à autres ils pensent à ceux qui ne sont pas revenus...