LV426 a écrit:
On n'en est pas loin et ça ne date pas d'hier.
As-tu lu l'essai de Jean Baudrillard La Gauche Divine ? Il date de l'accession au pouvoir de Mitterrand en 81.
Je pense que c'est le tournant. L'époque où la gauche a commencé à avoir du mal à trouver sa place parce que la situation socio-économique n'était plus la même qu'à l'époque de Germinal.
Avant les choses étaient plus simples : on défendait les intérêt du patronat ou ceux des travailleurs et ces intérêts étaient antagonistes.
C'est là qu'elle est devenue "morale". De "c'est contre les intérêts de la classe que je défends", on est passé à "c'est mal", tout bêtement.
Il ne faut pas s'y tromper. Quand la révolution était à l'ordre du jour, il était question de rapport de forces. On n'idéalisait pas les masses (en tout cas, pas unanimement). Elle étaient objectivement révolutionnaires. Ce qu'elles étaient subjectivement importait peu.
Aujourd'hui, il semble (oui, j'y reviens) que tout le monde, et pas seulement la gauche, leur octroie une sorte de statut divin : elles disent toujours la vérité, elles ne peuvent se tromper, que leur volonté soit faite.
Je pense qu'il ne faut pas oublier que les citoyens et ceux qui les gouvernent sont faits de la même pâte humaine, plus ou moins fraîche et sentant plus ou moins bon.
Sur une autre question (autre mais liée), la phrase qui me brûle les lèvres -- peut-être parce qu'elle me manque dans les écrits des autres --, c'est : je ne suis pas compétent.
Non, je n'ai pas lu Baudrillard mais j'ai grandi dans une famille de militants communistes. Tout le monde n'a pas eu cette chance.
J'ai pu constater à quel points les militants suivent sans se poser de questions.
Adolescente, je suis souvent entrée ne conflit avec mon père parce que je posais des questions dont les réponses étaient déstabilisantes pour lui. Notamment sur les liens avec le régime soviétique. Les militants avaient une "adoration" aveugle pour l'URSS et ne remettaient pas en question les directives du parti qui visiblement, venaient de là-bas. Tout ce qui se disait à la télé sur l'URSS n'était que propagande capitaliste. Lorsque Montant et Signoret sont rentrés d'URSS et ont raconté, ils ne les ont pas cru et les ont traités de vendus. La chanson de Ferrat n'a rien changé non plus.
A la chute du mur, ils sont tombés de haut et ne s'en sont pas remis. C'est seulement à ce moment là qu'ils se sont demandés pourquoi ils s'étaient battu sans pour autant remettre en question le régime soviétique. Tout ce qui a été révélé ne les a pas empêché de continuer à voter communiste, encore aujourd'hui, même si le PCF a viré dans le "boboïsme" humanisant et bien-pensant. Il faut dire que remettre en question une vie entière de militantisme n'est pas chose facile.
Depuis deux jours, Laurent "couche" encore avec les socialistes (quelques paroles gauchisantes), histoire de garder quelques strapontins. C'est toujours mieux pour les finances et la propagande du parti, croit-il. L'électorat, lui, a fuit en partie vers le FN. Comment voter pour un parti que "couche" systématiquement au deuxième tour des élections avec ceux qu'il prétend détester et combattre ? Et puis les électeurs aiment bien les winners.
Dans ma famille, j'ai choisi de ne pas retourner le couteau dans la plaie et j'évite le sujet, c'est préférable pour le maintient la paix familiale....
Alors il y a longtemps que je me dis qu'il n'y a guerre de différence entre un militant politique (de gauche ? de droite je ne sais pas) et un croyant pratiquant. D'ailleurs, il suffit de voir que dans la plupart des pays anciennement marxistes d'Afrique et du Maghreb, c'est la folie islamiste radicale qui a pris la place.
Il n'y a pas de différence entre une idéologie politique et un dogme religieux. C'est pour cette raison que les socialistes donnent dans la morale et pas dans les idées. Ils n'arrivent plus a expliquer leurs idées qui ne marchent pas, donc il passe à la phase ultime, au même titre que les religions : c'est bien ou c'est pas bien. Là, les dérives dictatoriales ne sont jamais loin même si ça ne concerne que la pensée.
Sauf que les gens ne pratiquent pas la même "religion". On le voit bien, les gens continuent de voter pour les méchants. Plus on leur dit que c'est mal, plus ils continuent, les vilains !
Le côté énervant de la démarche socialiste et de la gauche en générale, c'est qu'ils se croient supérieurs à la population. Sur ce point, je ne te suis pas. La gauche ne divinise pas le peuple, elle l'infantilise . Au même titre que les religions, les responsables politiques leur dictent la façon dont ils doivent se conduire. Elle ne les considère pas comme des gens capables de penser par eux-mêmes, car convaincue de détenir une vérité qu'ils ne comprennent pas.
L'idéalisation relève du même processus. Comme les gens sont des "enfants" qu'ils faut canaliser, ils font des bêtises mais après tout, tout ça n'est pas grave. Rien de divin la dedans. D'ailleurs, aucune religion ne "divinise" le peuple, bien au contraire. Le peuple et celui qu'il faut garder ou remettre dans le droit chemin, même s'il ne le veut pas, car il est impur et il faut le sauver.
Ceci n'est que mon point de vue, je peux me tromper !