J'apprécie aussi les sincères convictions de Natacha Polony qu'elle n'a pas trahies, malgré les appels incessants, pour ne pas dire les harcèlements pesants d'un progressisme imbécile tentant d'isoler toutes celles et tous ceux qui refusent son diktat, les reléguant impitoyablement dans les affres de la réaction.Sabbatha a écrit:
Comment ne pas partager cette vision, hélas réaliste, de ce qui est et nous attend.
Pour ma part j'ai décidé, depuis que j'ai constaté cet état de fait, de me retirer de la société autant que faire se peut. Je vis le plus souvent possible uniquement chez moi; même la plupart de mes courses, je me les fais livrer et commande beaucoup en ligne. je ne vais "à la ville" que quand je ne peux faire autrement ( médecins, examens médicaux....). Si je lis Marianne, je ne regarde pas les actualités télévisuelles. Je pratique la politique de l'autruche parce que je ne sais que faire d'autre pour me protéger. J'estime que j'ai fait mon temps, que j'ai déjà donné, que le plus gros de ma vie est derrière moi. J'ai envie de dire: "Au suivant ! "
Vous exprimez exactement ce que je ressens par cette phrase: " Nous vivons un tournant brutal civilisationnel. Notre monde s'effondre emportant avec lui notre jeunesse, nos souvenirs, nos espérances les plus folles. Et le flou qui accompagne les objectifs à atteindre fait place à bien des inquiétudes."
Natacha n'aurait pas dit mieux, et j'admire Natacha!
Toutefois, personnellement je ne compte pas satisfaire ce mouvement délétère en lui cédant facilement la place qu'il convoite. Dans la lignée des Bruckner, des Fikielkraut, dans une moindre mesure, les Zemmour, les Onfray et les Régis Debray, avec des moyens bien plus limités que les leurs, j'observe, je m'informe et je me rebelle. Pas question de reprocher aux autres leur inaction - leur ignorance feinte, leur dilettantisme, leur volonté de ne pas faire, leur universalisme béat, leur "babacoolisme", leur paresse intellectuelle, leur laisser-faire afin de ne pas créer le conflit, leur propension à céder à toutes les modes sociétales afin de paraître dans le coup, leur croyance en une technologie sans âme susceptible de tout régler, leur volonté d'immédiateté, leur lâcheté qui ne leur permet pas de désigner leur bourreau, leur confusion entre intérêt individuel et intérêts général - pour tomber moi-même dans cet mouvance amorphe qui entretient le côté grégaire des citoyens sans citoyenneté.