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A. Finkielkraut et antiracisme

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Message par Flavius Ven 20 Déc 2013 - 19:27

L’antiracisme est en train de devenir fou", selon A. Finkielkrautt

Alors qu'il ne se passe pas une émission qui lui soit dédiée sans que A. Finkielkraut soit bousculé, et c'est un euphémisme, l'auteur de "L'identité malheureuse" refuse de se poser en victime. Il est vrai que ses accusateurs les plus braillards atteignent rarement son niveau de réflexion et se trouvent confrontés devant un avocat qui les éreinte sans complexe.
Et de sen prendre aux professionnels de la dénonciation vertueuse :

"Il me semble que la vie intellectuelle française est en danger, car l’antiracisme est en train de devenir fou. Ce n’est plus le principe moral que nous partageons tous, c’est devenu une idéologie qui donne lieu à des mises en cause, des dénonciations dès lors qu’on ose aborder des sujets comme la nation, l’identité française ou européenne.

C’est très regrettable. Certains ont une prévention, des préjugés à mon endroit. Je paie mon effort de penser le présent en ces propres termes. Je ne crois pas que nous vivions un retour des années 30, que la France soit en danger de succomber à ses démons. Disant cela, je désavoue la pensée majoritaire dans le monde intellectuel et journalistique. En 1930, il n’y avait pas de territoires perdus de la République, de francophobie et de sexisme dans certaines banlieues.

Je dois dire que je trouve barbare la haine de la nostalgie. Si comme on nous le répète, avec l’arrivée des nouvelles technologies et d’un certain nombre de mutations, le monde d’hier meurt, on doit avoir le droit d’en porter le deuil. Le regret n’est pas un crime. Rien ne nous assure que la réalité en gestation sera plus douce et plus vivable. Je ne suis pas seulement nostalgique : on est à la croisée des chemins. Faut-il que la France devienne une société multiculturelle comme en témoigne le dernier rapport sur l’intégration ? Si la bataille est perdue, qu’on me laisse être nostalgique. Mais si tout n’est pas joué, je ne renonce pas à combattre.

Il est d’autant plus inquiétant qu’il semble s’inscrire dans une politique délibérée. Certains membres du gouvernement souhaiteraient remplacer l’intégration, concept jugé normatif, par “ la société inclusive” qui demande l’effacement du passé national et invite l’autre à être ce qu’il est, sans limite et sans obstacle. Il est dit dans ce rapport que le français serait la langue dominante et qu’il faut généraliser l’enseignement de l’arabe sur le territoire. Qu’il faut donner des noms de rues dans les villes et les villages à des représentants de l’immigration qui ont fait la France. On en revient à réécrire l’histoire de France pour habituer les Français à la réalité nouvelle en leur disant qu’elle n’est pas nouvelle. Ce sont des procédés totalitaires.

S'agissant du rapport sur l'intégration remis à Ayrault, il lui est demandé s'il pense à une provocation

"J’ai lu ces textes, je les ai étudiés. Mes cheveux se sont dressés sur ma tête, mais comment y voir une provocation alors qu’ils ont été précédés par le rapport que le conseiller d’Etat Thierry Tuot a remis au Premier ministre en février 2013 ? Un rapport qui critique une France repliée sur le village d’autrefois et qui préconise cette société inclusive qui ne regarderait que l’autre et l’avenir. Je constate qu’il y a dans une partie de la gauche un abandon de la définition républicaine de la laïcité au profit d’un idéal multiculturel. Face au scandale provoqué par l’idée de l’abolition de la loi sur les signes religieux à l’école, le gouvernement va reculer, mais j’ai peur que ce ne soit que partie remise, car cet objectif de “société inclusive” fait partie de la politique européenne.

Alors le commentateur lui demande comme il réagit aux accusations qui lui sont faites de rouler pour le FN, ou de faire son jeu ?

"Je crois profondément que si l’on veut empêcher l’arrivée du Front national au pouvoir, il faut cesser de minimiser un certain nombre de problèmes pour ne pas stigmatiser telle ou telle population.

Du déni de la réalité, rien ne peut sortir. Le FN ne se contente pas de la regarder, il l’exploite de façon démagogue. Cela doit être dénoncé, mais cela doit s’accompagner d’une prise en compte des problèmes. C’est un travail incessant, c’est à cette exigence que je tente de me soumettre en écrivant ce livre. Je m’habitue à être lepénisé. Je me dis que dans le contexte actuel, c’est le prix à payer quand on ne veut pas céder à la bien-pensance. Et je fais mienne cette phrase de Péguy : “ Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout, il faut toujours, ce qui est le plus difficile, voir ce que l’on voit. ”

J'ajouterai la phrase de Camus : ne pas nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde.
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Message par cristaline Sam 21 Déc 2013 - 14:01

Finkielkraut a mon entière adhésion : il est brillant, courageux, très cultivé, et il n'a pas peur de "passer pour un mal-pensant", ce qui est la plaie de notre époque...

Je le lis, je le suis, et je le vénère depuis des années....

Grand esprit !   A. Finkielkraut et antiracisme 2374620051


PS : il me paraît évident que, ne pas vouloir soulever les problèmes ( oui, il y en a !!) soulevés par l'immigration massive et non contrôlée, et en discuter, amène forcément les "trop" exaspérés à voter FN ; même Marianne, journal centre-gauche, le dit...
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 14:08

Flavius a écrit:L’antiracisme est en train de devenir fou", selon  A. Finkielkrautt

Alors qu'il ne se passe pas une émission qui lui soit dédiée sans que A. Finkielkraut soit bousculé, et c'est un euphémisme, l'auteur de "L'identité malheureuse" refuse de se poser en victime. Il est vrai que ses accusateurs les plus braillards atteignent rarement son niveau de réflexion et se trouvent confrontés devant un avocat qui les éreinte sans complexe.
Et de sen prendre aux professionnels de la dénonciation vertueuse :

"Il me semble que la vie intellectuelle française est en danger, car l’antiracisme est en train de devenir fou. Ce n’est plus le principe moral que nous partageons tous, c’est devenu une idéologie qui donne lieu à des mises en cause, des dénonciations dès lors qu’on ose aborder des sujets comme la nation, l’identité française ou européenne.

C’est très regrettable. Certains ont une prévention, des préjugés à mon endroit. Je paie mon effort de penser le présent en ces propres termes. Je ne crois pas que nous vivions un retour des années 30, que la France soit en danger de succomber à ses démons. Disant cela, je désavoue la pensée majoritaire dans le monde intellectuel et journalistique. En 1930, il n’y avait pas de territoires perdus de la République, de francophobie et de sexisme dans certaines banlieues.

Je dois dire que je trouve barbare la haine de la nostalgie. Si comme on nous le répète, avec l’arrivée des nouvelles technologies et d’un certain nombre de mutations, le monde d’hier meurt, on doit avoir le droit d’en porter le deuil. Le regret n’est pas un crime. Rien ne nous assure que la réalité en gestation sera plus douce et plus vivable. Je ne suis pas seulement nostalgique : on est à la croisée des chemins. Faut-il que la France devienne une société multiculturelle comme en témoigne le dernier rapport sur l’intégration ? Si la bataille est perdue, qu’on me laisse être nostalgique. Mais si tout n’est pas joué, je ne renonce pas à combattre.

Il est d’autant plus inquiétant qu’il semble s’inscrire dans une politique délibérée. Certains membres du gouvernement souhaiteraient remplacer l’intégration, concept jugé normatif, par “ la société inclusive” qui demande l’effacement du passé national et invite l’autre à être ce qu’il est, sans limite et sans obstacle. Il est dit dans ce rapport que le français serait la langue dominante et qu’il faut généraliser l’enseignement de l’arabe sur le territoire. Qu’il faut donner des noms de rues dans les villes et les villages à des représentants de l’immigration qui ont fait la France. On en revient à réécrire l’histoire de France pour habituer les Français à la réalité nouvelle en leur disant qu’elle n’est pas nouvelle. Ce sont des procédés totalitaires.

S'agissant du rapport sur l'intégration remis à Ayrault, il lui est demandé s'il pense à une provocation

"J’ai lu ces textes, je les ai étudiés. Mes cheveux se sont dressés sur ma tête, mais comment y voir une provocation alors qu’ils ont été précédés par le rapport que le conseiller d’Etat Thierry Tuot a remis au Premier ministre en février 2013 ? Un rapport qui critique une France repliée sur le village d’autrefois et qui préconise cette société inclusive qui ne regarderait que l’autre et l’avenir. Je constate qu’il y a dans une partie de la gauche un abandon de la définition républicaine de la laïcité au profit d’un idéal multiculturel. Face au scandale provoqué par l’idée de l’abolition de la loi sur les signes religieux à l’école, le gouvernement va reculer, mais j’ai peur que ce ne soit que partie remise, car cet objectif de “société inclusive” fait partie de la politique européenne.

Alors le commentateur lui demande comme il réagit aux accusations qui lui sont faites de rouler pour le FN, ou de faire son jeu ?

"Je crois profondément que si l’on veut empêcher l’arrivée du Front national au pouvoir, il faut cesser de minimiser un certain nombre de problèmes pour ne pas stigmatiser telle ou telle population.

Du déni de la réalité, rien ne peut sortir. Le FN ne se contente pas de la regarder, il l’exploite de façon démagogue. Cela doit être dénoncé, mais cela doit s’accompagner d’une prise en compte des problèmes. C’est un travail incessant, c’est à cette exigence que je tente de me soumettre en écrivant ce livre. Je m’habitue à être lepénisé. Je me dis que dans le contexte actuel, c’est le prix à payer quand on ne veut pas céder à la bien-pensance. Et je fais mienne cette phrase de Péguy : “ Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout, il faut toujours, ce qui est le plus difficile, voir ce que l’on voit. ”

J'ajouterai la phrase de Camus : ne pas nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde.

Plus ça va, plus j'admire cet Homme  A. Finkielkraut et antiracisme 3936810008  A. Finkielkraut et antiracisme 1635331732 
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Message par Vieux singe Dim 12 Jan 2014 - 14:45

ediziz a écrit:

Plus ça va, plus j'admire cet Homme  A. Finkielkraut et antiracisme 3936810008  A. Finkielkraut et antiracisme 1635331732 

Pas moi
Je le comprend, c'est bien plus fort  A. Finkielkraut et antiracisme 1635331732 
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 14:58

Vieux singe a écrit:

Pas moi
Je le comprend, c'est bien plus fort  A. Finkielkraut et antiracisme 1635331732 

Ah l'un ne va pas sans l'autre....comment admirer quelqu'un que l'on ne comprend pas?
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Message par Vieux singe Dim 12 Jan 2014 - 16:00

ediziz a écrit:

Ah l'un ne va pas sans l'autre....comment admirer quelqu'un que l'on ne comprend pas?

C'est une bonne question
Je vous accorde un délai de réflexion
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 16:22

ediziz a écrit:

Ah l'un ne va pas sans l'autre....comment admirer quelqu'un que l'on ne comprend pas?
Je suis un grand admirateur d'Einstein, de Planck, de Niels Bohr.......et pourtant ????
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 16:35

jacot3 a écrit:
Je suis un grand admirateur d'Einstein, de Planck, de Niels Bohr.......et pourtant ????

Je suis sûr que vous les comprenez au moins en partie, ne soyez pas modeste!
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 16:36

Vieux singe a écrit:

C'est une bonne question
Je vous accorde un délai de réflexion

Une question qui s'adresse à vous!
J'ai ma réponse personnellement
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Message par Vieux singe Dim 12 Jan 2014 - 16:46

ediziz a écrit:

Une question qui s'adresse à vous!
J'ai ma réponse personnellement
Donc tout va bien  A. Finkielkraut et antiracisme 3936810008 
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 16:47

Vieux singe a écrit:
Donc tout va bien  A. Finkielkraut et antiracisme 3936810008 

je pense oui!
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 16:58

ediziz a écrit:

Je suis sûr que vous les comprenez au moins en partie, ne soyez pas modeste!
C'est de n'en comprendre qu'une partie qui motive mon admiration pour l'intelligence !
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Message par Flavius Dim 12 Jan 2014 - 17:24

Vieux singe a écrit:

Pas moi
Je le comprend, c'est bien plus fort  A. Finkielkraut et antiracisme 1635331732 

C'est vrai ! Mais ça n'empêche pas d'admirer son courage. A croire d'ailleurs que les organisateurs de débats doivent reconnaître son envergure intellectuelle car il est le plus souvent seul à tenter de d'instruire des énergumènes bouffis de prétention et remplis de certitudes basées sur des clichés et des lieux communs garantissant un "djeunisme" tout illusoire, qu'il est plus "up to date" de dépasser leur humanisme de carton et la pensée unique en ayant une vision de la société à 20 ans, tout en ne méconnaissant pas notre notre passé et les valeurs qui ont construit notre pays.
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Message par Flavius Dim 12 Jan 2014 - 17:29

jacot3 a écrit:
C'est de n'en comprendre qu'une partie qui motive mon admiration pour l'intelligence !


Fausse modestie. En plus le talent de Finkielkraut c'est justement d'expliquer simplement des choses qui ne le sont pas.
Certes, ses références littéraires relèvent du puits de science. Mais ses citations c'est aussi une invitation à lire leur auteur
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Message par Flavius Dim 12 Jan 2014 - 17:32

jacot3 a écrit:
Je suis un grand admirateur d'Einstein, de Planck, de Niels Bohr.......et pourtant ????


Culture scientifique oblige.
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Message par Vieux singe Dim 12 Jan 2014 - 19:05

Flavius a écrit:

C'est vrai ! Mais ça n'empêche pas d'admirer son courage. A croire d'ailleurs que les organisateurs de débats doivent reconnaître son envergure intellectuelle car il est le plus souvent seul à tenter de d'instruire des énergumènes bouffis de prétention et remplis de certitudes basées sur des clichés et des lieux communs garantissant un "djeunisme" tout illusoire, qu'il est plus "up to date" de dépasser leur humanisme de carton et la pensée unique en ayant une vision de la société à 20 ans, tout en ne méconnaissant pas notre notre passé et les valeurs qui ont construit notre pays.

Admirer son courage, pourquoi pas.
Pour moi, le courage n'est que de nécessité vitale pour garder présence et lucidité.
C'est lié à l'instinct de survie quand on prend de la bouteille
Mais c'est un retro-regard tout personnel Zinzin 
Quand je le voie tendu et crispé dans ses "contacts", il m'inquiète toujours.
S'il veut durer encore un peu, il faut qu'il prenne un peu de recul dans les relations "publiques", surtout dans les plus pollués car la santé est un capital qui se dévalue lentement mais surement  A. Finkielkraut et antiracisme 2065525499
Et puis, un air un peu jovial, ça met plus facilement l'adversaire à distance …. de sécurité ??
Dans ces cas là, mon truc est de dire une très grosse connerie  avec le plus grand sérieux  A. Finkielkraut et antiracisme 1635331732 Je vais même jusqu'à affiché un air de demeuré, quand je suis seul, car ça énerve ma femme.
On en revient toujours, notamment pour durer en forme  en forme  en forme  en forme  en forme 
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Message par Flavius Dim 12 Jan 2014 - 19:26

Vieux singe a écrit:

Admirer son courage, pourquoi pas.
Pour moi, le courage n'est que de nécessité vitale pour garder présence et lucidité.
C'est lié à l'instinct  de survie quand on prend de la bouteille
Mais c'est un retro-regard tout personnel Zinzin 
Quand je le voie tendu et crispé dans ses "contacts", il m'inquiète toujours.
S'il veut durer encore un peu, il faut qu'il prenne un peu de recul dans les relations "publiques", surtout dans les plus pollués car la santé est un capital qui se dévalue lentement mais surement  A. Finkielkraut et antiracisme 2065525499
Et puis, un air un peu jovial, ça met plus facilement l'adversaire à distance …. de sécurité ??
Dans ces cas là, mon truc est de dire une très grosse connerie  avec le plus grand sérieux  A. Finkielkraut et antiracisme 1635331732 Je vais même jusqu'à affiché un air de demeuré, quand je suis seul, car ça énerve ma femme.
On en revient toujours, notamment pour durer en forme  en forme  en forme  en forme  en forme 

Certes, quand Finkelkraut a des cons face à lui, ça le déstabilise. Il n' a pas l'habitude. Il navigue en général sur des eaux plus sereines où seule la réflexion intelligente et l'interrogation friande de connaissances, peuvent garder la tête hors de l'eau.
Si vous l'écoutez dans son émission "Répliques" qui passe le samedi matin sur France-Culture, où il reçoit des pointures, il ne s'énerve jamais. Chez lui, la connerie et la mauvaise foi,(tiens un pléonasme)c'est épidermique, il ne la supporte pas. Et là on peut dire qu'il es gâté !

Et puis il a été très malade et comme vous dites il a intérêt à se ménager et par conséquent son médecin a dû lui conseiller à éviter les cons...Pas facile ! Son intervention sur le forum ONPC le tuerait c'est évident.
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Message par Vieux singe Dim 12 Jan 2014 - 19:37

Flavius a écrit:

Certes, quand Finkelkraut a des cons face à lui, ça le déstabilise. Il n' a pas l'habitude. Il navigue en général sur des eaux plus sereines où seule la réflexion intelligente et l'interrogation friande de connaissances, peuvent garder la tête hors de l'eau.
Si vous l'écoutez dans son émission "Répliques" qui passe le samedi matin sur France-Culture, où il reçoit des pointures, il ne s'énerve jamais. Chez lui, la connerie et la mauvaise foi,(tiens un pléonasme)c'est épidermique, il ne la supporte pas. Et là on peut dire qu'il es gâté !

Et puis il a été très malade et comme vous dites il a intérêt à se ménager et par conséquent son médecin a dû lui conseiller à éviter les cons...Pas facile ! Son intervention sur le forum ONPC le tuerait c'est évident.

Comme je vous l'ai rappelé, il y a des cons partout, et pour naviguer, il faut vite les repérer pour contourner les "rochers" qui affleurent toujours un peu.
D'ailleurs les cons ont aussi leur utilité, d'abord parce qu'il arrive qu'ils changent de catégorie, mais aussi parce qu'ils sont partie intrinsèque de la matière première constituante de notre univers incertain  en forme en forme
Et puis, ces cons m'aident aussi à me croire intelligent, ce qui reste une hypothèse à tester régulièrement.
Par contre, moi j'en suis totalement convaincu, mais ne le répétez pas.  A. Finkielkraut et antiracisme 3936810008 
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 19:55

Juste pour citer Coluche (rien de personnel)
"Heureux les convaincus, ils auront leur revanche"
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Message par Flavius Dim 12 Jan 2014 - 19:58

Vieux singe a écrit:

Comme je vous l'ai rappelé, il y a des cons partout, et pour naviguer, il faut vite les repérer  pour contourner les "rochers" qui affleurent toujours un peu.
D'ailleurs les cons ont aussi leur utilité, d'abord parce qu'il arrive qu'ils changent de catégorie, mais aussi parce qu'ils sont partie intrinsèque de la matière première constituante de notre univers incertain  en forme en forme
Et puis, ces cons m'aident aussi à me croire intelligent, ce qui reste une hypothèse à tester régulièrement.
Par contre, moi j'en suis totalement convaincu, mais ne le répétez pas.  A. Finkielkraut et antiracisme 3936810008 

C'est l'utilité que je veux bien leur reconnaître. Mais comme dit l'adage : au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Et Brassens de signer : quand on est con, on est con...
Mais bon, rien ne nous interdit non plus de faire preuve d'un peu d'optimisme.
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Message par Invité Dim 12 Jan 2014 - 20:00

Flavius a écrit:

C'est  l'utilité que je veux bien leur reconnaître. Mais comme dit l'adage : au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Et Brassens de signer : quand on est con, on est con...
Mais bon, rien ne nous interdit non plus de faire preuve d'un peu d'optimisme.
L'adage réel est "au royaume des aveugles les borgnes sont mal vus".
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Message par Flavius Dim 12 Jan 2014 - 20:01

jacot3 a écrit:
L'adage réel est "au royaume des aveugles les borgnes sont mal vus".

 rire rire rire 
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Message par Flavius Ven 17 Jan 2014 - 20:14


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INTERVIEW – Écrivain, philosophe, essayiste, Alain Finkielkraut construit une œuvre autour de la transmission, la défense des humanités et la critique de la modernité. Le racisme, l’antisémitisme, l’antiracisme nourrissent depuis longtemps sa méditation sur l’identité. Sorti au mois d’octobre, son dernier ouvrage, L’Identité malheureuse (Stock), a été au cœur d’un âpre débat et connaît un important succès de librairie. Il réagit à l’affaire Dieudonné.


Alain Finkielkraut, à Paris, jeudi.

L’affaire Dieudonné a révélé au grand jour des fractures profondes de la société française. Pour le philosophe, elle témoigne de l’importance d’un nouvel antisémitisme, du nouveau pouvoir d’Internet, de la dégradation du débat public, de la force dévastatrice du ricanement et de la dérision.

LE FIGARO. - Que révèle l’affaire Dieudonné de notre société et de notre pays ?

Alain FINKIELKRAUT. - Je dirais pour commencer que nous devons au ministre de l’Intérieur la prise en compte par les grands médias de l’ampleur et de la gravité du phénomène. Dieudonné faisait, en toute quiétude, son show au Théâtre de la Main d’Or à Paris et ses tournées dans les grandes villes de province devant des salles bondées. Il a fallu que Manuel Valls demande aux préfets d’interdire ces spectacles pour que les journaux se saisissent du problème et pour qu’émerge sous nos yeux ébahis la génération Dieudonné. Une France multicolore cimentée non, comme on le dit, par le racisme mais par la haine des juifs.

Son public assure qu’il s’en prend à tous.

Dieudonné ne choisit pas les juifs comme une cible parmi d’autres de son humour dévastateur. Les juifs sont son obsession et l’antijudaïsme sa philosophie. Il interprète l’histoire comme une confrontation planétaire entre deux subjectivités : les juifs et, non pas les aryens, mais les peuples, tous les peuples. Il déclare que les juifs se sont enrichis grâce à la traite négrière, que plus récemment ils ont très vraisemblablement introduit le sida en Afrique. Il ne considère pas le sionisme comme un mouvement de libération nationale ni même comme une forme de colonialisme dont les Palestiniens auraient à souffrir. Le sionisme à ses yeux est une entreprise de domination du monde. S’affranchissant de toutes les données géographiques, il confère au sionisme les deux attributs de l’omniprésence et de l’omnipotence. Nous revenons, avec Dieudonné, à la thématique du Protocole des sages de Sion. Les one-man-show de Dieudonné sont structurés par l’antisémitisme. Au lendemain de l’initiative de Manuel Valls, il a dit ceci : « Les juifs et les nazis se sont fait la guerre. Qui a tort ? Qui a raison ? Moi, je suis neutre. Je ne sais pas lequel a volé l’autre, mais j’ai ma petite idée. » Éclats de rire dans la salle. Et on voudrait nous faire croire qu’il peut tout d’un coup se métamorphoser en Bourvil ou en Pierre Dac. Dieudonné peut prendre quelques petites précautions et mettre autant que possible « sioniste » à la place de « juif » dans ses sketchs, cela ne trompera personne.

Les lois condamnant les propos délictueux après qu’ils ont été prononcés ne sont-elles pas suffisantes ?

Les condamnations sont tombées. Elles n’ont pas été exécutées. Et quand bien même elles le seraient, Dieudonné est un récidiviste et, à moins de ridiculiser l’État de droit, il faut bien faire quelque chose contre la récidive. La force sans la justice est tyrannique mais, comme dit Pascal, la justice sans la force est impuissante. La République a voulu mettre ensemble la force et la justice. Tant mieux.

L’esprit Canal+, qui sévit désormais partout, offre à Dieudonné du temps de cerveau disponible. Il est le super Guignol de l’info

Manuel Valls ne s’est-il pas montré plus communicant que politique ?

Il fallait creuser l’abcès. Manuel Valls a pallié la carence médiatique. Si nous étions dans un monde à la hauteur des principes qu’il proclame, c’est la presse qui aurait rendu la vie impossible à Dieudonné. Les médias n’ont eu besoin de personne pour dénoncer la petite fille qui agitait une banane au nez de la garde des Sceaux et pour se demander si la France n’était pas raciste. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle attende Valls pour Dieudonné ? Parce que l’antiracisme vit dans l’obsession de l’éternel retour des années 1930 et supporte mal d’être pris à contre-pied par une haine inédite.

Dieudonné n’est-il pas le fruit d’un temps qui tourne tout en dérision…

Dieudonné n’est pas un penseur, il n’est pas un orateur : c’est un amuseur. Il n’y a plus de bouffon du roi. Ce sont les bouffons qui sont devenus rois. J’ai lu dans Le Monde que Dieudonné était le Frantz Fanon de la génération YouTube. C’est très bien vu. Les nouvelles générations ont été nourries, même shootées, depuis leur enfance – qu’on ne peut plus qualifier de tendre – à la dérision. Au ricanement. De même que la technique manipule tout, de même le rire contemporain se flatte de ne rien laisser indemne. Nous sommes engagés dans un mouvement de profanation intégrale. Reste un seul tabou : la Shoah. Et Dieudonné est celui qui transgresse ce tabou suprême. Patrick Le Lay, quand il était président de TF1, a dit que la fonction de sa télévision commerciale était de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible. L’esprit Canal +, qui sévit désormais partout, offre à Dieudonné du temps de cerveau disponible. Il est le super Guignol de l’info.

Il se présente lui-même comme antiraciste…

L’antisémitisme contemporain n’est plus raciste. Il dénonce le racisme juif. C’est ce que fait Dieudonné, mais c’est ce que font aussi des universitaires qui nous expliquent doctement que l’Ancien Testament est la bible de tous les génocidaires. Les uns et les autres murmurent et martèlent que l’on ne peut plus rien dire car les juifs sont devenus intouchables. Et la bien-pensance prend cette plainte au sérieux. Dans le dossier que Le Nouvel Observateur consacre à cette affaire, les fauteurs de haine, ce sont à égalité Soral, Dieudonné, Zemmour (qui figure avec eux sur la photo de couverture) ou moi. Parce que, dans la lignée de Jean Daniel, je défends l’héritage national et que je m’inquiète de la montée de la francophobie en France, me voici jeté dans le même sac que ceux qui réussissent le prodige de nier l’existence du crime qui a anéanti la quasi-totalité de ma famille et d’en faire l’apologie. Tout ça pour bien montrer que les juifs ne bénéficient d’aucun passe-droit. Cette modalité de l’antiracisme est tout simplement répugnante.

Le public de Dieudonné représente la diversité de la population française…

Il faut se garder soi-même de toute généralisation. Il y a des Blancs, des Beurs et des Noirs qui sont aujourd’hui écœurés par le pitre antisémite. Dans les années 1970, les contestataires dont j’étais avaient une vision très simplifiée de l’histoire. Nous divisions allégrement le monde en deux camps, mais le mal pour nous avait une adresse. C’était par exemple l’impérialisme américain avec la guerre au Vietnam. Aujourd’hui, le mal devient insaisissable. La souveraineté semble déserter les États au profit des marchés financiers. Et c’est précisément ces deux qualités, l’invisible et la finance, qui redonnent vie au signifiant juif. On peut à nouveau désigner un maître, donner un visage à à la domination et les individus comme les communautés humaines peuvent se décharger de toute responsabilité dans leur existence sur ce gouvernement invisible.

Il faut bien évoquer la quenelle…

Je ne veux faire aucun procès d’intention à Dieudonné. S’il nous affirme que la quenelle n’est pas ce salut nazi empêché qui a été immortalisé par le Docteur Folamour, je veux bien le croire. Mais qu’on ne me dise pas que cette quenelle « enfoncée dans le fond du fion du sionisme » est un geste antisystème. À d’autres.

Dans le dossier que Le Nouvel Observateur consacre à cette affaire, les fauteurs de haine, ce sont à égalité Soral, Dieudonné, Zemmour (qui figure avec eux sur la couverture) ou moi. Parce que, dans la lignée de Jean Daniel, je défends l’héritage national

Comment expliquer sa propagation ?

Il y a une débâcle de la civilité dont témoigne aujourd’hui Internet. L’écriture jusqu’à l’ère digitale était une ascèse. La parole coulait de source, l’écriture même épistolaire demandait un travail patient d’élaboration. Le digital a introduit l’immédiateté dans l’écriture. On ne rédige plus. On écrit comme ça vient, et on n’est pas même inhibé par le visage de l’interlocuteur. D’où la violence ordinaire des échanges et des commentaires sur le Net. La quenelle est la forme paroxystique de cette spontanéité violente.

La liberté d’expression est célébrée et, dans le même temps, de plus en plus de gens ont l’impression d’étouffer sous les interdits de la pensée correcte. Comment expliquer ce paradoxe ?

Il est normal que la liberté d’expression soit encadrée. On voit ce que devient une société où toute limite est abolie avec ce grand réseau mondial de communication parallèle qu’est Internet. Cela peut devenir la barbarie pure. Mais ce qui est persécuté aujourd’hui sous couleur d’antiracisme, c’est tout effort de clairvoyance. J’en veux pour preuve la dernière initiative de Pierre Rosanvallon. Vingt ans après La Misère du monde de Pierre Bourdieu, il veut à son tour faire parler les invisibles. Mais il fixe le cadre. Notre époque, dit-il, rappelle la fin du XIXe siècle avec le pamphlet de Maurice BarrèsContre les étrangers. Tout ce qui, dans la réalité, échappe à la xénophobie traditionnelle de la France est frappé d’invisibilité par le parlement des invisibles, et Pierre Rosanvallon ne craint pas de qualifier sa démarche de « retour progressiste au réel ». Le retour au réel ne doit être ni progressiste ni réactionnaire ! Et pour diagnostiquer le présent, il faut accepter qu’il soit nouveau, qu’il ne se soit jamais présenté, or c’est cela que refuse le politiquement correct. On ne peut pas sans cesse se référer aux années 1930. L’antisémitisme nazi était raciste : Hitler a refusé aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 de serrer la main à un sportif de couleur noire, Jesse Owens. L’antisémitisme contemporain se présente comme antiraciste. Il ne défend pas la cause aryenne. Il défend, depuis Durban, la cause des peuples opprimés par le sionisme.

Que vous inspirent les profanations répétées des lieux de culte catholique ?

Ces provocations, notamment celle d’une Femen dans l’Église de la Madeleine, sont d’autant plus dérisoires et même révoltantes que nous ne vivons plus depuis longtemps sous le régime du trône et de l’autel et que l’Église de France est faible. Aujourd’hui, les artistes savent choisir leur provocation. Andres Serrano a produit Piss Christ, je ne crois pas que quelqu’un ait jamais l’idée de créer un Piss Mahomet. On dit qu’il y a deux poids, deux mesures en France. C’est vrai, mais pas au sens où les juifs seraient favorisés. Imaginez qu’un « humoriste » ultra-identitaire présente un sketch « Yabon Banane », aucun des professionnels de l’hilarité qui défendent la liberté d’expression de Dieudonné ne se porterait à son secours. Personne ne me ferait grief de réclamer l’interdiction de son spectacle. Elle est la vérité qu’on ne veut pas entendre : l’antisémitisme des opprimés suscite plus de compréhension et d’indulgence dans la France du XXIe siècle que toutes les autres formes de racisme.

Ne vaut-il pas mieux instruire plutôt que de punir ?

Nous sommes devant une difficulté insurmontable. Les gens qui viennent au spectacle de Dieudonné ont le sentiment d’avoir été gavés par l’enseignement de la mémoire. Lorsqu’à Nuremberg on a projeté un film sur les camps de Buchenwald, Dachau et Bergen-Belsen, montrant les survivants faméliques et les montagnes de cadavres jetés par des pelleteuses dans des fosses communes, les dignitaires nazis eux-mêmes détournaient le regard, se cachaient le visage dans les mains, et certains d’entre eux se sont effondrés. Aujourd’hui, la répétition pédagogique tue l’émotion. Beaucoup ne voient plus la souffrance suprême mais le rabâchage des clichés. Ce n’est plus le nazisme qui leur fait horreur, c’est l’enseignement de la Shoah. Ceux-là remercient Dieudonné d’exprimer par ses « shoananas » leur lassitude et leur exaspération. On voudra sans doute combattre le mal par le devoir de mémoire, et on ne fera que l’aggraver. Je n’ai pas de solution.

13 janvier 2014

Le Figaro, le 10 Janvier 2014 Par Vincent Tremolet de Villers
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Message par Ara Mar 18 Mar 2014 - 16:52

Déjà à l'époque, lorsque rien ou presque, ne laissait prévoir les ravages de ces officines sur notre société, Pierre Desproges disait :


J’adhérerai à SOS-racisme quand ils mettront un S à racisme. Il y a des racistes noirs, arabes, juifs, chinois et même des ocre-crème et des anthracite-argenté. Mais à SOS-Machin, ils ne fustigent que le Berrichon de base ou le Parisien-baguette. C’est sectaire.
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Message par Ara Mar 18 Mar 2014 - 16:53

Flavius a écrit:
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INTERVIEW – Écrivain, philosophe, essayiste, Alain Finkielkraut construit une œuvre autour de la transmission, la défense des humanités et la critique de la modernité. Le racisme, l’antisémitisme, l’antiracisme nourrissent depuis longtemps sa méditation sur l’identité. Sorti au mois d’octobre, son dernier ouvrage, L’Identité malheureuse (Stock), a été au cœur d’un âpre débat et connaît un important succès de librairie. Il réagit à l’affaire Dieudonné.


Alain Finkielkraut, à Paris, jeudi.

L’affaire Dieudonné a révélé au grand jour des fractures profondes de la société française. Pour le philosophe, elle témoigne de l’importance d’un nouvel antisémitisme, du nouveau pouvoir d’Internet, de la dégradation du débat public, de la force dévastatrice du ricanement et de la dérision.

LE FIGARO. - Que révèle l’affaire Dieudonné de notre société et de notre pays ?

Alain FINKIELKRAUT. - Je dirais pour commencer que nous devons au ministre de l’Intérieur la prise en compte par les grands médias de l’ampleur et de la gravité du phénomène. Dieudonné faisait, en toute quiétude, son show au Théâtre de la Main d’Or à Paris et ses tournées dans les grandes villes de province devant des salles bondées. Il a fallu que Manuel Valls demande aux préfets d’interdire ces spectacles pour que les journaux se saisissent du problème et pour qu’émerge sous nos yeux ébahis la génération Dieudonné. Une France multicolore cimentée non, comme on le dit, par le racisme mais par la haine des juifs.

Son public assure qu’il s’en prend à tous.

Dieudonné ne choisit pas les juifs comme une cible parmi d’autres de son humour dévastateur. Les juifs sont son obsession et l’antijudaïsme sa philosophie. Il interprète l’histoire comme une confrontation planétaire entre deux subjectivités : les juifs et, non pas les aryens, mais les peuples, tous les peuples. Il déclare que les juifs se sont enrichis grâce à la traite négrière, que plus récemment ils ont très vraisemblablement introduit le sida en Afrique. Il ne considère pas le sionisme comme un mouvement de libération nationale ni même comme une forme de colonialisme dont les Palestiniens auraient à souffrir. Le sionisme à ses yeux est une entreprise de domination du monde. S’affranchissant de toutes les données géographiques, il confère au sionisme les deux attributs de l’omniprésence et de l’omnipotence. Nous revenons, avec Dieudonné, à la thématique du Protocole des sages de Sion. Les one-man-show de Dieudonné sont structurés par l’antisémitisme. Au lendemain de l’initiative de Manuel Valls, il a dit ceci : « Les juifs et les nazis se sont fait la guerre. Qui a tort ? Qui a raison ? Moi, je suis neutre. Je ne sais pas lequel a volé l’autre, mais j’ai ma petite idée. » Éclats de rire dans la salle. Et on voudrait nous faire croire qu’il peut tout d’un coup se métamorphoser en Bourvil ou en Pierre Dac. Dieudonné peut prendre quelques petites précautions et mettre autant que possible « sioniste » à la place de « juif » dans ses sketchs, cela ne trompera personne.

Les lois condamnant les propos délictueux après qu’ils ont été prononcés ne sont-elles pas suffisantes ?

Les condamnations sont tombées. Elles n’ont pas été exécutées. Et quand bien même elles le seraient, Dieudonné est un récidiviste et, à moins de ridiculiser l’État de droit, il faut bien faire quelque chose contre la récidive. La force sans la justice est tyrannique mais, comme dit Pascal, la justice sans la force est impuissante. La République a voulu mettre ensemble la force et la justice. Tant mieux.

L’esprit Canal+, qui sévit désormais partout, offre à Dieudonné du temps de cerveau disponible. Il est le super Guignol de l’info

Manuel Valls ne s’est-il pas montré plus communicant que politique ?

Il fallait creuser l’abcès. Manuel Valls a pallié la carence médiatique. Si nous étions dans un monde à la hauteur des principes qu’il proclame, c’est la presse qui aurait rendu la vie impossible à Dieudonné. Les médias n’ont eu besoin de personne pour dénoncer la petite fille qui agitait une banane au nez de la garde des Sceaux et pour se demander si la France n’était pas raciste. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle attende Valls pour Dieudonné ? Parce que l’antiracisme vit dans l’obsession de l’éternel retour des années 1930 et supporte mal d’être pris à contre-pied par une haine inédite.

Dieudonné n’est-il pas le fruit d’un temps qui tourne tout en dérision…

Dieudonné n’est pas un penseur, il n’est pas un orateur : c’est un amuseur. Il n’y a plus de bouffon du roi. Ce sont les bouffons qui sont devenus rois. J’ai lu dans Le Monde que Dieudonné était le Frantz Fanon de la génération YouTube. C’est très bien vu. Les nouvelles générations ont été nourries, même shootées, depuis leur enfance – qu’on ne peut plus qualifier de tendre – à la dérision. Au ricanement. De même que la technique manipule tout, de même le rire contemporain se flatte de ne rien laisser indemne. Nous sommes engagés dans un mouvement de profanation intégrale. Reste un seul tabou : la Shoah. Et Dieudonné est celui qui transgresse ce tabou suprême. Patrick Le Lay, quand il était président de TF1, a dit que la fonction de sa télévision commerciale était de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible. L’esprit Canal +, qui sévit désormais partout, offre à Dieudonné du temps de cerveau disponible. Il est le super Guignol de l’info.

Il se présente lui-même comme antiraciste…

L’antisémitisme contemporain n’est plus raciste. Il dénonce le racisme juif. C’est ce que fait Dieudonné, mais c’est ce que font aussi des universitaires qui nous expliquent doctement que l’Ancien Testament est la bible de tous les génocidaires. Les uns et les autres murmurent et martèlent que l’on ne peut plus rien dire car les juifs sont devenus intouchables. Et la bien-pensance prend cette plainte au sérieux. Dans le dossier que Le Nouvel Observateur consacre à cette affaire, les fauteurs de haine, ce sont à égalité Soral, Dieudonné, Zemmour (qui figure avec eux sur la photo de couverture) ou moi. Parce que, dans la lignée de Jean Daniel, je défends l’héritage national et que je m’inquiète de la montée de la francophobie en France, me voici jeté dans le même sac que ceux qui réussissent le prodige de nier l’existence du crime qui a anéanti la quasi-totalité de ma famille et d’en faire l’apologie. Tout ça pour bien montrer que les juifs ne bénéficient d’aucun passe-droit. Cette modalité de l’antiracisme est tout simplement répugnante.

Le public de Dieudonné représente la diversité de la population française…

Il faut se garder soi-même de toute généralisation. Il y a des Blancs, des Beurs et des Noirs qui sont aujourd’hui écœurés par le pitre antisémite. Dans les années 1970, les contestataires dont j’étais avaient une vision très simplifiée de l’histoire. Nous divisions allégrement le monde en deux camps, mais le mal pour nous avait une adresse. C’était par exemple l’impérialisme américain avec la guerre au Vietnam. Aujourd’hui, le mal devient insaisissable. La souveraineté semble déserter les États au profit des marchés financiers. Et c’est précisément ces deux qualités, l’invisible et la finance, qui redonnent vie au signifiant juif. On peut à nouveau désigner un maître, donner un visage à à la domination et les individus comme les communautés humaines peuvent se décharger de toute responsabilité dans leur existence sur ce gouvernement invisible.

Il faut bien évoquer la quenelle…

Je ne veux faire aucun procès d’intention à Dieudonné. S’il nous affirme que la quenelle n’est pas ce salut nazi empêché qui a été immortalisé par le Docteur Folamour, je veux bien le croire. Mais qu’on ne me dise pas que cette quenelle « enfoncée dans le fond du fion du sionisme » est un geste antisystème. À d’autres.

Dans le dossier que Le Nouvel Observateur consacre à cette affaire, les fauteurs de haine, ce sont à égalité Soral, Dieudonné, Zemmour (qui figure avec eux sur la couverture) ou moi. Parce que, dans la lignée de Jean Daniel, je défends l’héritage national

Comment expliquer sa propagation ?

Il y a une débâcle de la civilité dont témoigne aujourd’hui Internet. L’écriture jusqu’à l’ère digitale était une ascèse. La parole coulait de source, l’écriture même épistolaire demandait un travail patient d’élaboration. Le digital a introduit l’immédiateté dans l’écriture. On ne rédige plus. On écrit comme ça vient, et on n’est pas même inhibé par le visage de l’interlocuteur. D’où la violence ordinaire des échanges et des commentaires sur le Net. La quenelle est la forme paroxystique de cette spontanéité violente.

La liberté d’expression est célébrée et, dans le même temps, de plus en plus de gens ont l’impression d’étouffer sous les interdits de la pensée correcte. Comment expliquer ce paradoxe ?

Il est normal que la liberté d’expression soit encadrée. On voit ce que devient une société où toute limite est abolie avec ce grand réseau mondial de communication parallèle qu’est Internet. Cela peut devenir la barbarie pure. Mais ce qui est persécuté aujourd’hui sous couleur d’antiracisme, c’est tout effort de clairvoyance. J’en veux pour preuve la dernière initiative de Pierre Rosanvallon. Vingt ans après La Misère du monde de Pierre Bourdieu, il veut à son tour faire parler les invisibles. Mais il fixe le cadre. Notre époque, dit-il, rappelle la fin du XIXe siècle avec le pamphlet de Maurice BarrèsContre les étrangers. Tout ce qui, dans la réalité, échappe à la xénophobie traditionnelle de la France est frappé d’invisibilité par le parlement des invisibles, et Pierre Rosanvallon ne craint pas de qualifier sa démarche de « retour progressiste au réel ». Le retour au réel ne doit être ni progressiste ni réactionnaire ! Et pour diagnostiquer le présent, il faut accepter qu’il soit nouveau, qu’il ne se soit jamais présenté, or c’est cela que refuse le politiquement correct. On ne peut pas sans cesse se référer aux années 1930. L’antisémitisme nazi était raciste : Hitler a refusé aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 de serrer la main à un sportif de couleur noire, Jesse Owens. L’antisémitisme contemporain se présente comme antiraciste. Il ne défend pas la cause aryenne. Il défend, depuis Durban, la cause des peuples opprimés par le sionisme.

Que vous inspirent les profanations répétées des lieux de culte catholique ?

Ces provocations, notamment celle d’une Femen dans l’Église de la Madeleine, sont d’autant plus dérisoires et même révoltantes que nous ne vivons plus depuis longtemps sous le régime du trône et de l’autel et que l’Église de France est faible. Aujourd’hui, les artistes savent choisir leur provocation. Andres Serrano a produit Piss Christ, je ne crois pas que quelqu’un ait jamais l’idée de créer un Piss Mahomet. On dit qu’il y a deux poids, deux mesures en France. C’est vrai, mais pas au sens où les juifs seraient favorisés. Imaginez qu’un « humoriste » ultra-identitaire présente un sketch « Yabon Banane », aucun des professionnels de l’hilarité qui défendent la liberté d’expression de Dieudonné ne se porterait à son secours. Personne ne me ferait grief de réclamer l’interdiction de son spectacle. Elle est la vérité qu’on ne veut pas entendre : l’antisémitisme des opprimés suscite plus de compréhension et d’indulgence dans la France du XXIe siècle que toutes les autres formes de racisme.

Ne vaut-il pas mieux instruire plutôt que de punir ?

Nous sommes devant une difficulté insurmontable. Les gens qui viennent au spectacle de Dieudonné ont le sentiment d’avoir été gavés par l’enseignement de la mémoire. Lorsqu’à Nuremberg on a projeté un film sur les camps de Buchenwald, Dachau et Bergen-Belsen, montrant les survivants faméliques et les montagnes de cadavres jetés par des pelleteuses dans des fosses communes, les dignitaires nazis eux-mêmes détournaient le regard, se cachaient le visage dans les mains, et certains d’entre eux se sont effondrés. Aujourd’hui, la répétition pédagogique tue l’émotion. Beaucoup ne voient plus la souffrance suprême mais le rabâchage des clichés. Ce n’est plus le nazisme qui leur fait horreur, c’est l’enseignement de la Shoah. Ceux-là remercient Dieudonné d’exprimer par ses « shoananas » leur lassitude et leur exaspération. On voudra sans doute combattre le mal par le devoir de mémoire, et on ne fera que l’aggraver. Je n’ai pas de solution.

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Le Figaro, le 10 Janvier 2014 Par Vincent Tremolet de Villers

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