msch a écrit:J'aime bien le tennis, mais Djokovic ne m'inspire aucun engouement, même si je lui reconnais beaucoup de talent. Mais je ne veux pas juger sans savoir et
je ne sais pas. Donc, pour moi, je pense que si ce n'était qu'une question de refus de se faire vacciner, il ne se serait sans doute pas déplacé pour jouer un tournoi qui est, certes, très important pour lui, mais moins qu'un refus de vaccin.(ou bien il se serait fait vacciner)
Par contre, il semblerait plus logique qu'il ait une argumentation très sérieuse à ce refus du vaccin. Cette argumentation,il est à supposer que le corps médical en a la teneur et a dû en faire part au Gouvernement, puisque le joueur vient de retrouver sa liberté, ainsi que celle de s'entraîner et les médias, les journaleux et le peuple ne sont pas obligés de la connaître. Donc, perso, je préfère ne pas m'avancer en criant au scandale et privilégier le positif au négatif (je ne parle pas du vaccin, hein, dans ma dernière phrase)
@ Titoune ....non pas fan du tout de Djokovic, bien qu'il soit un grand joueur, mais je refuse de juger sans connaître les tenants et les aboutissants.
Il en a une qui est très sérieuse et absolument pas scientifique : l'adhésion aux thèses anthroposophiques de sa famille.
https://www.marianne.net/societe/sciences-et-bioethique/anthroposophie-pyramide-cachee-novax-djocovid-star-du-tennis-et-des-pseudosciences
Antivax ambigu
La présidente du gouvernement serbe – équivalente du Premier ministre – Ana Brnabic, devrait s'entretenir avec une haute responsable du ministère australien de l'Immigration et des Frontières. Elle demande de permettre à Djokovic de rallier la maison qu'il avait louée pour le championnat, au lieu de rester dans le centre de rétention qu'Aleksandar Vucic qualifie «
d'infâme au sens propre du terme ».
Messie en Serbie, Djoko l'est aussi aux yeux des antivax. Le numéro 1 mondial de tennis n'a jamais caché son opposition à la vaccination contre le Covid-19. Dès avril 2020, alors qu'aucun sérum n'était encore développé, Djokovic expliquait lors d'un direct sur Facebook : «
Personnellement, je suis opposé à la vaccination et je ne voudrais pas être forcé par quelqu'un à faire un vaccin pour pouvoir voyager ». Il disait avoir ses «
propres idées sur la question et je ne sais pas si ces idées vont changer à un moment donné » mais estimait devoir «
prendre une décision » si jamais le vaccin «
devient obligatoire ».
Il semblerait que sa décision ait été prise. Si Novak Djokovic n'a jamais divulgué son statut vaccinal, l'exemption pour participer à l'Open d'Australie parle pour lui. Jouant sur l’ambiguïté, le sportif a affirmé, peu après ses premières déclarations, qu'il n'était «
pas un expert » et resterait «
ouvert d'esprit » tout en revendiquant «
une option pour choisir ce qui est le mieux pour mon corps ». Une rhétorique que l'on retrouve dans le mouvement antivax mais aussi dans d'autres courants proches des pseudosciences.
Ambassadeur du sans gluten
Car Novak Djokovic n'en est pas à ses premières prises de position controversées sur la science. Dans son livre
Service Gagnant : Une alimentation sans gluten pour une parfaite forme physique et mentale publié en 2011 chez Robert Laffont, il livre une anecdote. L'année précédente, le champion rencontre un spécialiste en nutrition qui lui propose une expérience.
À LIRE AUSSI : Jeûnes, crudivorisme : ces régimes alimentaires à l'épreuve de la (vraie) scienceDjokovic tient du pain dans la main gauche alors que son nutritionniste appuie sur le bras droit. Le sportif aurait ressenti une faiblesse particulière en tenant la nourriture. À leurs yeux, c'était la preuve irréfutable d'une intolérance au gluten, une protéine présente dans certaines céréales.
Prêt à prêcher la bonne parole, il devient ambassadeur pour une gamme sans gluten de la marque française Gerblé en 2015 et lance sa propre marque de biscuits, baptisé « Djokolife ». Depuis, le tennisman semble avoir plongé dans des théories et pratiques bien plus contestées.
Eau et émotion
En mai 2020, lors d'un direct sur Instagram, celui qui se fait l'apôtre de la santé et du bien-être développe une théorie douteuse aux quelque 446 000 spectateurs. «
J'ai vu et je connais des gens qui, grâce aux pouvoirs de la prière et de la reconnaissance, ont réussi à transformer la plus toxique des nourritures, ou même la plus polluée des eaux, en l'eau la plus pure, développe-t-il.
Parce que l'eau réagit à nos émotions. »
Son invité Chervin Jeferiah, qui dirige une entreprise de vente de compléments alimentaires, abonde. «
Il y a eu un scientifique japonais qui a montré que si vous transmettez des pensées positives à l'eau, ses molécules se réorganisent en une structure symétrique. » L'exposé scientifique se termine par la promotion d'une bouteille de 60 ml de « Golden Mind ». Un breuvage qui renforcerait la structure du cerveau. Pour se le procurer, il faut souscrire à un abonnement à raison de 50 dollars la bouteille.
L'auteur japonais auquel Chervin Jeferiah fait référence se nomme Masaru Emoto, docteur en médecines alternatives. Selon lui, l'eau réagirait à la musique et aux pensées. En congelant des liquides à – 25° et en passant de la musique ou en collant des papiers avec des mots différents sur des bouteilles contenant les cristaux d'eau gelée, il observe que ces derniers sont plus ou moins harmonieux.
La rigueur scientifique de Masaru Emoto a largement été remis en cause par ses pairs qui dénoncent des procédures expérimentales discutables. Emoto et son équipe auraient soigneusement sélectionné les clichés de cristaux qui collaient à leur hypothèse pour en démontrer la véracité. Les travaux du Japonais n'ont jamais été publiés par des revues à comité de lecture, ni soumis à des tests en double aveugle, procédures nécessaires pour valider les expériences scientifiques.
Un pied dans l'anthroposophie...
Outre ces théories farfelues, « Djoko » apparaît comme un soutien de la pédagogie Steiner-Waldorf et de l'anthroposophie, un courant de pensée créé par l'occultiste autrichien Rudolf Steiner. Son idéologie : une croyance qui veut replacer l'homme au centre du cosmos, et mêle karma, créatures imaginaires comme les gnomes ou encore l'existence d'un « Christ cosmique ». La pédagogie inspirée par ce mouvement se base sur une dimension mystique. Le critique de l'anthroposophie Heiner Ullrich explique par exemple qu'au bout de 7 ans, «
les forces "surnaturelles" de croissance ont achevé de construire l'organisme de l'enfant (…). Au cours des sept années suivantes, les forces "astrales" encore cachées de l'âme modèlent le monde des pulsions, des passions et des sentiments ». La Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Miviludes) a indiqué surveiller les écoles privées Steiner-Waldorf.
À LIRE AUSSI : Ce que "Le Monde" ne vous a pas (vraiment) dit sur l'anthroposophieNovak Djokovic serait une prise de guerre pour ce mouvement. Sur le blog de sa fondation, un article fait l’éloge de la pédagogie Steiner-Waldorf. Rejetant le système éducatif classique qui «
bourre les enfants de faits, leur demandant de réciter des connaissances ou des compétences nouvellement acquises comme un poney de cirque » l'auteur glorifie un système où «
l'accent est mis sur l'apprentissage par l'expérience et les sens ». Le billet incite même les parents à
« mettre en œuvre la philosophie Steiner à la maison ». La fondation a également inauguré une « école de la vie » en Serbie. Cette terminologie se retrouve dans un des mantras de la pédagogie Steiner.
Jelena Djokovic, sa femme, s'intéresse aussi à l'anthroposophie. Le 1er avril 2020, elle partage sur Instagram la vidéo du médecin anthroposophe Thomas Cowan qui explique que la 5G est la cause de la pandémie de Covid-19. Le post a été qualifié de «
fausse information » par le réseau social. Quelques jours plus tard, l'épouse du joueur de tennis explique juste avoir partagé la vidéo car elle mentionne les «
enseignements de Rudolf Steiner, ce qui correspond à mon domaine d'intérêt ».
… l'autre au « paradis »
L'attrait de Djokovic pour les préceptes ésotériques se décline aussi en pèlerinage. En 2020, le sportif s'est rendu deux fois à Visoko, en Bosnie. Ce petit village est surplombé par une large colline dont certains estiment qu'elle serait en réalité une immense pyramide.
L'endroit est repéré en 2005 par Semir Osmanagic, homme d'affaires et explorateur autoproclamé. Pour ce dernier, il est «
évident que ce n'était pas une colline naturelle mais une construction » issue d'une civilisation «
technologiquement supérieure ». L'année suivante, des scientifiques du monde entier remettent en question la théorie de Osmanagic. Selon eux, il s'agirait d'un «
canular cruel » qui «
n'a pas sa place dans la science authentique ».
Mais Djoko n'a cure de ces critiques. À l'
AFP, il affirme s'être senti «
régénéré » grâce à ces visites et qualifie l'endroit de «
paradis sur terre ». «
Je sais qu'il y a beaucoup de doutes, de dilemmes sur l'authenticité » du lieu mais «
afin de comprendre entièrement ce qui se passe ici (...) il faut venir ». L'Indiana Jones local se félicite : «
Le début de la saison a été catastrophique, mais depuis que Djokovic est passé par ici, c'est le bonheur », explique Semir Osmanagic. Un constat que ne partage manifestement pas le gouvernement australien.