beced a écrit: (dh.com )
Assassinat de Wingene: début du procès ce jeudi
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Début, ce jeudi, du procès des assassins présumés du châtelain de Wingene.
Ce drame familial a tenu la Flandre en haleine pendant des mois, à la manière d'un film de Claude Chabrol. L’affaire dite de "l’assassinat du châtelain de Wingene", qui a passionné la Flandre pendant des mois, arrive devant le tribunal correctionnel de Bruges ce jeudi 9 mars, pour une audience qui permettra essentiellement au tribunal de fixer un calendrier et aux parties de demander l’audition de témoins (voir ci-contre).
Ils sont quatre à être poursuivis pour l’assassinat de Stijn Saelens, 34 ans au moment de sa mort : André Gyselbrecht, Pierre Serry, Franciscus "Roy" Larmit et Evert de Clercq. Le 20 janvier, la chambre des mises en accusation de Gand a décidé de renvoyer l’affaire devant le tribunal correctionnel, faisant fi du vœu de la défense d’en débattre devant la cour d’assises.
Disparition au château CarpentierNous sommes le 31 janvier 2012, il y a donc plus de cinq ans, dans la petite commune de Wingene, en Flandre-Occidentale. Cette localité s’enorgueillit de compter sur son territoire le château Carpentier, vaste demeure sise au milieu d’un parc isolé du reste de la bourgade. Y vivent Stijn Saelens, issu d’une famille de commerçants aisés, sa femme Elisabeth (38 ans aujourd’hui), qui est médecin, et leurs quatre enfants, désormais âgés de 7 à 13 ans.
C’est l’épouse qui donne l’alerte.
"Mon mari a disparu, il y a des traces de sang dans le hall de notre demeure", dit-elle à la police. Les forces de l’ordre arrivent au château. Dans le grand hall, les policiers découvrent une douille de 9 mm et, en effet, une flaque de sang.
Les enquêteurs apprennent très vite que les relations du couple sont tendues; que le beau-père de Stijn Saelens, le docteur André Gyselbrecht, médecin de famille originaire de Ruiselede, a porté plainte contre son beau-fils, qu’il soupçonne d’être l’auteur d’abus sexuels sur une de ses petites-filles et de vouloir emmener toute la famille en Australie.
Les soupçons se portent immédiatement sur le beau-père. Il est interpellé le soir même mais est relaxé après un interrogatoire qui aura duré toute la nuit. Le domaine est fouillé de fond en comble, avec l’aide de chiens pisteurs et d’un hélicoptère équipé d’une caméra infrarouge. Ces fouilles ne donnent rien. On sonde l’étang sans plus de succès.
Le lendemain, des analyses démontrent que le sang découvert dans le hall est bien celui du père de famille mais que les douilles retrouvées dans le château ne correspondent pas à celles qui auraient pu être tirées par l’arme du beau-père.
Fouilles à Maria-AalterL’intérêt des enquêteurs se porte ensuite sur Peter, le fils d’André Gyselbrecht, et sur Pierre Serry, 67 ans aujourd’hui, ami et patient du médecin, bien connu de la justice et condamné dans des dossiers de trafic de drogue et d’hormones.
Les deux hommes seront interrogés de même que trois Tchétchènes, interpellés lors d’un contrôle de routine. Dans la voiture de ces derniers, les policiers trouvent un morceau de papier où apparaissent le nom de Serry mais aussi un plan du château Carpentier.
Les Tchétchènes seront libérés après audition. Peter Gyselbrecht, lui, fera sept mois de prison et sera encore placé sous mandat d’arrêt fin 2016, soupçonné d’avoir transmis à la VRT des enregistrements téléphoniques couverts par le secret de l’instruction. Mais au moment de renvoyer du monde devant la justice, il bénéficiera d’un non-lieu.
Quoi qu’il en soit, et pour revenir au mois de février 2012, les enquêteurs s’intéressent aussi à un terrain situé à Maria-Aalter et sur lequel a été construit un chalet propriété de Pierre Serry. Le chalet est fouillé sans succès.
Puis la Cellule personnes disparues de la police fédérale mène, avec l’aide de la Protection civile, des recherches dans le bois qui entoure la bâtisse. Recherches un moment interrompues par le gel mais qui donneront ensuite des résultats.
C’est en effet sur ce terrain que le cadavre de Stijn Saelens finit par être exhumé. André Gyselbrecht et Serry sont alors placés sous mandat d’arrêt. Le beau-père de la victime sera libéré en septembre 2012 puis à nouveau arrêté en 2013.
Une bonne leçon…Il est toujours resté sur la même ligne, reconnaissant avoir demandé à Pierre Serry "
de trouver quelqu’un pour donner une bonne leçon à mon beau-fils" mais niant avoir commandité l’assassinat de ce dernier.
Avec Pierre Serry, c’est encore une autre chanson. L’homme a gardé le silence pendant des années avant de changer d’avocat… et de tactique. Il a fini par collaborer avec les enquêteurs.
L’oncle et le neveu néerlandaisTroisième larron, un Néerlandais, Antonius van Bommel, a été confondu par son ADN. Il a été identifié fin janvier 2013 comme étant le tireur. Van Bommel, habitant Eindhoven, était connu comme homme de main d’organisations criminelles liées à la drogue. Mais il ne servira pas à faire progresser l’enquête car il était décédé d’un cancer en mai 2012. Sa famille a toutefois expliqué que ce toxicomane constamment désargenté avait touché une importante somme d’argent peu avant sa mort.
Les enquêteurs cherchent d’éventuels complices pour relancer l’enquête. Ils contactent 68 proches de Van Bommel afin de réaliser des analyses de leur ADN. La plupart acceptent mais parmi ceux qui refusent figure un neveu de Van Bommel, Franciscus "Roy" Larmit. Cet homme de 37 ans a été condamné pour vol aux Pays-Bas. Il existe des traces de son ADN dans une base de données. L’ADN est comparé avec les traces découvertes sur la toile dans laquelle le cadavre de Stijn Saelens a été emballé. Bingo, c’est le sien.
Larmit sera arrêté aux Pays-Bas puis extradé en Belgique. Il s’est longuement tu avant de passer à table. Il a raconté qu’en janvier 2012, il avait convoyé à Wingene son oncle, alors en phase terminale du cancer.
"Ce n’est que lorsque j’ai entendu un coup de feu, alors que j’attendais dans la voiture, que j’ai compris", expliquera-t-il, avant de concéder qu’il a aidé son oncle, très faible, à évacuer le corps et à l’emmener à Maria-Aalter.
C’est là que van Bommel lui aurait confié que l’homme qu’il venait de tuer n’était qu’un
"sale pédophile" et que c’était la raison pour laquelle il devait mourir.
Le quatrième suspect, Evert de Clercq, a fait l’objet d’une première détention à l’été 2013. Il est toutefois apparu entre-temps que son ADN ne correspondait pas aux prélèvements des enquêteurs. Le parquet entendait dès lors cesser les poursuites mais la chambre du conseil en a décidé autrement. Quelques mois plus tard, de Clercq est retourné en prison sur la foi des dénonciations de Larmit. De Clercq est désormais suspecté d’avoir joué un rôle d’intermédiaire dans le recrutement d’Antonius van Bommel.
Des enveloppes accusatricesSelon un récent article du "Laatste Nieuws", Pierre Serry aurait déclaré avoir apporté, avant la mort de Saelens,
"deux enveloppes" à van Bommel. Elles contenaient chacune 5 000 euros, somme réunie par André Gyselbrecht. Il s’agissait, affirme-t-il, d’une avance, pour convaincre le Néerlandais de passer à l’acte. Après la mort de Stijn Saelens, Larmit se serait rendu chez l’intermédiaire Evert de Clercq qui lui aurait remis plus de 20 000 euros.
Pierre Serry avait déjà affirmé par le passé que le docteur Gyselbrecht lui avait bel et bien donné comme instructions de se débarrasser de Saelens et non de lui
"donner une leçon" comme le principal suspect continue de l’affirmer.
Rebondissement: Le tuteur et la maman sont amoureux
Romance. Dernière péripétie en date dans ce dossier. Un juge de paix a désigné un avocat comme tuteur ad hoc chargé de représenter au procès les intérêts des enfants de Stijn Saelens et d’Elisabeth Gyselbrecht. Cet avocat remplace Yves W., 41 ans, un proche de la famille qui avait été initialement désigné pour se constituer partie civile au nom des enfants. C’est que cet homme d’affaires est, entre-temps, tombé amoureux d’Elisabeth, qui attend un enfant de lui pour l’été. Les enfants de Stijn Saelens, mineurs, sont sous l’autorité parentale de leur mère mais pour éviter des conflits d’intérêts entre eux, un tuteur ad hoc avait été désigné par un juge de paix. Ce tuteur a non seulement entamé une relation avec Mme Gyselbrecht mais il avait aussi décidé de se constituer partie civile contre Serry, Larmit et de Clercq mais pas contre le grand-père des enfants, pourtant le principal suspect. Lorsque le compagnon d’Elisabeth a appris que la justice voulait le "remplacer", il a formé tierce opposition mais la décision du juge de paix a été confirmée mardi soir.
Une audience-calendrier
Les acteurs du procès. André Gyselbrecht sera assisté par Me Johan Platteau et Pierre Serry par Mes Kris Vincke, Walter Damen et Frederieke Cloet. Franciscus Larmit sera, lui, défendu par Mes Joris Van Cauter et Frank Scheerlinck. Evert de Clercq le sera par Me Thomas Gillis. Les intérêts de la famille Saelens seront défendus par Me Jan Leysen. Elisabeth Gyselbrecht, l’épouse de la victime, sera soutenue par Me Luc Arnou. Le ministère public sera représenté par Céline D’Havé et Fien Maddens. Els D’Hooghe assurera la présidence du tribunal, accompagnée par Bruno Criel et Véronique Hameeuw. Comme indiqué ci-contre, on ne plaidera pas le dossier ce jeudi. Le tribunal aurait fait savoir à la défense de Larmit qu’un jugement interviendrait sans doute avant l’été, ce qui laisse entendre que l’affaire pourrait être traitée au fond dans le courant du mois de mai