Azalee a écrit:Voici ce qu'en pense un professeur de la Sorbonne, Jacques Rougeot:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]"...Outre sa complication déconcertante, l’écriture inclusive présente une autre particularité inédite, qui ébranle en profondeur le système de la langue : elle instaure une coupure radicale et systématique entre l’écrit et le parlé. Il est impossible de prononcer les mots tels qu’ils sont écrits en écriture inclusive.
En fait, les extravagances linguistiques qui font l’actualité (l’écriture inclusive ou la remise en cause provocatrice de l’accord au masculin, que l’on verra plus loin) reposent sur une confusion : la confusion, pour le masculin et le féminin, entre le sens biologique et le sens grammatical. Dans l’usage réel, chacun restitue spontanément la distinction et sait qu’un soprano est une femme, qu’une basse est un homme, que le masculin vagin désigne un organe féminin et le féminin verge un organe masculin.
Cette fois-ci, la manipulation est double : confusion explicite entre le genre grammatical et le sexe, interprétation grossièrement abusive du verbe « l’emporter sur », alors qu’il s’agit d’une simple règle d’accord conventionnelle et simplificatrice. Comme solutions de substitution, ces réformateurs au grand cœur proposent « l’accord au choix » (c’est-à-dire faire n’importe quoi) ou « la règle de proximité », au merveilleux pouvoir magique. Si, au lieu d’écrire « les pamplemousses et les oranges sont mûrs », vous écrivez « les pamplemousses et les oranges sont mûres », vous contribuez à faire en sorte que les femmes ne supportent plus les coups des hommes. Stupidité ? Mauvaise foi ? Délire grotesque ? Réponse au choix.
Reste à expliquer un paradoxe énigmatique : comment se fait-il que de si mauvaises marchandises prennent une telle place sur le marché médiatique ?
La première explication est que ces sujets tombent sur un terrain idéologique favorable, préparé par un pilonnage médiatique intense qui, souvent, reprend en l’actualisant la bonne vieille dialectique marxiste des rapports oppresseurs/opprimés, bourreaux/victimes, les femmes tenant aujourd’hui le rôle de victimes.
En s'attaquant à la langue, cette initiative s'attaque au cœur intellectuel et spirituel de notre société
Sur ce terrain favorable, les idéologues appliquent la tactique des lobbies. En tant que minorité agissante, ils exploitent à fond le principe de concentration sur l’objectif. Ils assignent à la langue la fonction sinon exclusive, du moins essentielle et prioritaire, d’affirmer en toute occasion la place que doivent tenir les femmes.
Bien des forces idéologiques de notre époque s’exercent dans le sens de la déraison, des dérèglements, de la déstabilisation, du déracinement. Les initiatives dont il a été question s’inscrivent dans ce réseau. En s’attaquant à la langue, elles s’attaquent au cœur intellectuel et spirituel de notre société et veulent lui rendre étranger son patrimoine culturel. A ce titre, elles ont une visée totalitaire qu’il faut combattre sur tous les terrains où elle se manifeste."