Paulette a écrit:Éric Zemmour se dit "contre toute discrimination positive, donc contre la parité"Pour Éric Zemmour, ce système plutôt que d'établir une égalité entre les sexes, créerait en réalité une inégalité.Et ce n'est pas la première que le potentiel candidat à la présidentielle de 2022 lance ce genre de propos. Samedi, lors d'un déplacement à Béziers, il avait déjà déclaré que s'il était élu à l'Élysée, il "reviendrait sur la parité, laquelle est une insulte pour les femmes", ajoutant ensuite, selon les propos rapportés par Le Parisien, "le mérite, le mérite, le mérite !"[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]"S'il était élu" ?Mais comment ça ? Il est candidat, alors ?
Pour info, Élisabeth Badinter est, elle aussi, contre la parité homme/femme en politique. Et elle n'est pas la seule à gauche.
Je partage son avis sur le sujet.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Oui à l'égalité, non à la parité
La philosophe Elisabeth Badinter, la juriste Evelyne Pisier, l'écrivain Danièle Sallenave cosignent ci-après un ultime appel solennel contre la parité, avant le vote de l'Assemblée, le 16 février, avant celui du Sénat, le 4 mars. Chacune avec ses mots et son humeur, Françoise Cachin, Caroline Eliacheff, Elisabeth Roudinesco, Mona Ozouf, Irène Théry, Véronique Morali, Patricia Barbizet, Stella Baruk, Florence Montreynaud, Michelle Riot-Sarcey, Dominique Schnapper les accompagnent dans nos colonnes. Respectées, respectables, ces 14 femmes ne sont ni antiféministes ni réactionnaires. Elles se sont battues pour faire reconnaître leurs compétences. Beaucoup d'entre elles se sont depuis longtemps mobilisées pour les droits des femmes, afin que cesse leur subordination aux hommes.
Aujourd'hui, elles ont l'impression qu'une bonne cause fait fausse route et use, par manque d'imagination et d'énergie, d'une stratégie qui se retournera contre elles. Elles veulent déclarer haut et fort qu'elles sont contre le fait d'imposer par la loi la parité hommes-femmes dans les instances de pouvoir. Elles disent que l'inscription de la parité dans les textes - un quota de 50% de femmes pour 50% d'hommes - est une idée trop simple pour être honnête, une recette paresseuse, une réponse dangereuse à un vrai problème: l'incroyable misogynie régnant encore dans la classe politique française, un demi-siècle après que les femmes ont obtenu le droit de vote et d'éligibilité, et l'inadmissible crispation des hommes sur leurs fauteuils dans tous les lieux de pouvoir économique.
Pour le principe, contre le moyen Ce n'est évidemment pas le principe d'égalité en soi qu'elles combattent, mais le moyen utilisé pour y parvenir. Avec des raisons qu'elles déclinent chacune à sa façon (voir les encadrés) et au moins quatre arguments communs:
1. L'inscription à terme de la parité dans la loi transgresse un principe fondamental de la république, l'universalisme de la représentation: un élu est censé représenter tous les citoyens, quel que soit sa couleur, son sexe, son âge, son origine sociale. Si l'on décide d'isoler l'un de ces critères, on ouvre la porte à toutes les revendications particulières.
2. La parité institue deux catégories de citoyens distincts, les hommes et les femmes, qu'elle fige dans leur différence sexuelle alors que l'évolution des mœurs plaide pour l'indifférenciation des rôles, des métiers et des fonctions.
3. La parité forcée est humiliante. Les femmes ne devraient pas accepter de se laisser enfermer dans un statut de victimes contraintes de demander à la loi de leur réserver des postes qui, du coup, seront dévalorisés.
4. La parité est inutile. Pourquoi imposer par la loi une mixité que les mentalités plébiscitent de plus en plus clairement? En juin 1996, L'Express publiait le Manifeste pour la parité de 10 femmes politiques. Parce qu'il posait les bonnes questions, parce qu'il mettait le doigt là où cela fait mal, cet appel a déclenché un véritable raz de marée en faveur de la parité. Peu à peu, on a vu toutes les résistances vaciller, puis basculer. La plupart des femmes politiques qui, l'une après l'autre, se sont rendues, admettaient volontiers: «La solution de la parité est un pis-aller.» L'évidente légitimité de la fin - l'égalité entre les hommes et les femmes - a fait oublier, et a même interdit, un débat sur la légitimité des moyens. Un conformisme de plomb s'est installé: il a gagné aussi bien la droite que la gauche. Les élus masculins éclairés sont paralysés par la culpabilité. Même certaines femmes de poids, actuellement, exigent qu'on ne mentionne pas leur nom parmi les antiparitaires, bien qu'elles en soient.
Terrorisme idéologique Les 14 à qui nous donnons la parole ici s'insurgent contre le triomphe de la pensée unique qui, aujourd'hui, écrase le débat sur la parité. Elles dénoncent le «terrorisme idéologique» qui consiste à traiter les adversaires de la parité comme des ennemis de classe, ringardisés et diabolisés. Elles jugent démagogiques les diatribes de la présidente PS de la commission des Lois à l'Assemblée nationale, Catherine Tasca, contre les experts et les élites, dont certaines d'entre elles ont été la cible. Bref, elles ne veulent pas se laisser «boutiniser» - comme elles disent, pour s'amuser: entre le conservatisme incarné par Christine Boutin et la pensée de bois de la gauche irréfléchie, il y a d'autres voies.
En réalité, sur la scène publique, elles paraissent isolées dans un climat qui, depuis le vote négatif du Sénat le 26 janvier, s'est franchement tendu. Traités de «cons» par la députée RPR Roselyne Bachelot, les sénateurs sont assez largement passés pour de vieux croûtons scotchés à leur fond de sauce. Même l'épouse du Premier ministre, Sylviane Agacinski, est montée au créneau et s'en est allée porter la bonne parole,