Mort de Nahel : le récit de la course-poursuite, minute par minute -Par Esther Paolini Le procureur de la République de Nanterre a détaillé lors d'une conférence de presse les étapes qui ont conduit le policier à tirer sur le jeune en fuite.
Il est 7h55 ce mardi 27 juin quand boulevard Jacques Germain Soufflot, à Nanterre, une Mercedes classe A jaune canari, immatriculée avec une plaque polonaise, surgit sur la chaussée et roule à vive allure sur la voie réservée aux bus. Deux motards de la compagnie territoriale de circulation et de sécurité routière des Hauts-de-Seine prennent aussitôt le véhicule en chasse. Ils tentent une première fois de l'intercepter, en activant leurs gyrophares, sans succès. Les fonctionnaires atteignent la vitre du conducteur à un feu tricolore, mais celui-ci refuse de se soumettre au contrôle, redémarre hâtivement alors que le feu est encore au rouge.
Un piéton et un cycliste mis en danger> À son bord se trouvent au volant Nahel, 17 ans, déjà connu pour un récent refus d'obtempérer, ainsi que deux autres jeunes, probablement mineurs. Les deux motards continuent la course-poursuite sur plusieurs axes, traversant le rond-point des Droits de l'Homme, rue Pablo Neruda, rue des Trois Fontanot et enfin le boulevard de Pesaro, où ils activent de nouveau leurs gyrophares, en vain. Il est 8h16 quand les deux fonctionnaires avisent à la radio leurs collègues de la situation. Durant sa fuite, le véhicule effectue plusieurs infractions au Code de la route, traversant notamment un passage piéton, mettant ainsi en danger un passant et un cycliste.
La Mercedes est finalement contrainte de s'arrêter au niveau du boulevard de la Défense, stoppée par des embouteillages. Les deux motards mettent pied à terre, le premier sur le côté, le second à l'arrière du véhicule, puis sortent leur arme de service pour les dissuader de redémarrer. Ils «affirment avoir crié au conducteur de s'arrêter», poursuit Pascal Prache, procureur de la République de Nanterre.
N'écoutant pas les injonctions du policier, Nahel rallume le moteur et redémarre, incitant le policier situé au niveau de l'aile gauche à tirer sur lui à une reprise. La voiture poursuit sa route sur quelques mètres au niveau du passage Arago, avant de venir s'encastrer dans du mobilier urbain place Nelson Mandela, à 8h19. Tandis que l'auteur du tir prodigue les premiers secours, des renforts et les pompiers arrivent sur place à 8h21. Ils tentent de le réanimer, mais il est déjà trop tard. Nahel, 17 ans, touché au bras et au thorax, décède des suites de ses blessures à 9h15.
Sous le choc, le passager arrière s'extrait du véhicule pour être aussitôt interpellé. Le second passager a quant à lui pris la fuite. Il est toujours activement recherché. Placé en garde à vue à l'IGPN, le policier auteur du tir, par ailleurs qualifié de «très professionnel» par sa hiérarchie, a justifié son tir «par la volonté d'éviter une nouvelle fuite du véhicule, la dangerosité du comportement routier du conducteur, induisant chez le policier la peur que quelqu'un soit renversé ou la crainte d'être percuté par le véhicule.» Toutefois le procureur de la République a estimé «que les conditions légales de l'usage de l'arme» n'étaient «pas réunies». Il a requis sa mise en examen pour homicide volontaire et son placement en détention provisoire.
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