LV426 a écrit:Si le policier chargé de protéger Charb est mort pendant l'attaque, c'est bien qu'il y avait quelqu'un pour le protéger et que ce quelqu'un était présent le jour de l'attentat.
Cela semble une évidence, non ?
Alors, je veux bien ne pas me fier aux évidences mais à condition qu'on me donne davantage d'explications.
Quand il y a une contradiction, ce n'est pas pécher que de la relever. C'est même plutôt sain.
Que pense la famille endeuillée de Franck Brinsolaro de l'affirmation selon laquelle Charb n'était pas protégé ?
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Peut-être que Denise Charbonnier a écrit que son fils n'était pas
assez protégé, ce qui pourrait résoudre la contradiction ?
“Il était un excellent pro de la “protec”, une pointure, qui ne perdait jamais son sang-froid, et vivait pour sa mission”, dit de lui l’un de ses collègues. Le policier Franck Brinsolaro est mort dans les locaux de Charlie Hebdo, où il était chargé de protéger le dessinateur Charb. Il avait 48 ans.
[Tous les jours jusqu’au 2 septembre, France Inter dresse le portrait de tous les protagonistes du procès des attentats de janvier 2015 : victimes, familles, terroristes, accusés, magistrats, avocats…]“C’est mon héros”, dit de lui son fils Kevin, devenu policier à son tour, mû par un
“déclic” après le 7 janvier 2015. Ce jour-là, son père adoré, Franck Brinsolaro, est mort transpercé par les balles de kalachnikov des frères Kouachi, qu’il a pourtant tenté de neutraliser à la seconde précise où ces terroristes cagoulés ont fait irruption dans la salle de rédaction de
Charlie Hebdo. L’instant d’avant, Franck Brinsolaro, chargé d’assurer la protection de Charb, venait de percevoir le bruit sec d’un coup de feu, pourtant pas très audible derrière la porte capitonnée. Aussitôt, Franck s’est saisi de son arme.
“Il nous a dit de ne pas bouger de façon anarchique” se souvient Sigolène Vinson, l’une des survivantes du massacre. Puis, les terroristes ont surgi, tiré, et le pistolet de Franck Brinsolaro n’a pas suffi à les stopper : derrière leurs gilets tactiques, leurs fusils d’assaut crachaient déjà du feu. Franck Brinsolaro est mort en mission, à 48 ans. Il avait deux enfants.
Le “pro de la protec” de Sarajevo à Kaboul
Kevin, l’aîné, est né d’une première union en 1989. Sa petite sœur, née d’une seconde union, n’était encore qu’un bébé en janvier 2015. Ingrid Brinsolaro, la mère de la fillette, ne décolère pas contre ceux qui ont allégé, quelques semaines avant l’attentat, le dispositif policier qui stationnait en permanence au pied de l’immeuble, en appui des deux policiers affectés à la protection de
Charb. Ce 7 janvier 2015, quand les terroristes ont attaqué, Franck Brinsolaro était seul, son collègue étant brièvement parti s’acheter à manger. Kevin Brinsolaro, lui, n’a pas de colère, mais un immense chagrin, et des larmes qu’il voudrait qu’on ne voie pas rouler sur ses joues. Il se dit que
“c’est le destin” qui lui a pris son
“idole de père”. Ce père qui lui
“a donné une ouverture d’esprit sur le monde” à travers toutes ses missions à l’étranger.
“J’ai vécu avec mon père jusqu’à mes trois ans, puis ils se sont séparés avec ma mère. À 8 ans, je suis parti vivre une année avec lui au Cambodge.” Franck Brinsolaro est alors affecté à la protection de l’ambassade de France à Phnom Penh. Les
“meilleurs souvenirs d’enfant” de Kévin. Jusqu’au coup d’État de 1997. Franck Brinsolaro fait face à une mission périlleuse : l’exfiltration d’une trentaine de ressortissants français qui s’étaient réfugiés dans l’ambassade. Ce n’est pas sa première opération délicate, loin de là. L’année d’avant, en 1996, Franck Brinsolaro avait évacué quarante-six Français exposés aux tirs de Taliban à Kaboul, où il était chargé de protéger l’ambassadeur, Bernard Bajolet, devenu par la suite le chef de la DGSE.
Presque dix ans plus tard, autre opération à haut risque et réussie : le sauvetage de trente-cinq enfants menacés par des combats avec les rebelles en République Démocratique du Congo. Avant Kinshasa, Phnom Penh et Kaboul, il y avait eu aussi le Kosovo et souvent le Liban. Beaucoup de pays en crise ou en guerre, ce qui n’effrayait pas Franck Brinsolaro, au contraire.
“Franck est parti en poste en Afghanistan à l’époque où il y avait énormément d’attentats, de morts. Et d’ailleurs, il avait été blessé, mais pour lui, c’était un poste comme un autre” se souvient son ami Jean-Loup, qui fut son collègue pendant quinze ans au SDLP, le Service de la Protection de la police nationale.
Le protecteur du juge Trévidic, puis de Charb
Ensemble, ils avaient aussi protégé des juges antiterroristes dont les cabinets étaient regroupés dans la galerie St Eloi du palais de justice de Paris, où chaque magistrat a son ange gardien. Franck Brinsolaro a été celui de Marc Trévidic, qui se souvient :
“il a été le chef de ma “protec” à partir de 2006. Un policier très réservé, très fin, cultivé, très professionnel, et qui adorait les voyages.” Partout où Franck l’accompagnait, le juge Trévidic savait qu’il avait avec lui un protecteur sur qui compter.
Parmi ses souvenirs les plus marquants, le Liban, en plein chaos,
“avec des snipers”, et le Rwanda
“où les coups pouvaient venir de n’importe où, après trois ans de rupture diplomatique, on était pas vraiment très rassurés, et Franck a parfaitement géré”. Le Rwanda, Marc Trévidic y enquêtait sur l’attentat qui a déclenché le génocide de 1994. Le climat y était si électrique que le juge avait dû mener ses interrogatoires au Burundi, dans une maison sécurisée où les officiers rwandais arrivaient en hélicoptère.
“Franck était à la manœuvre.” Après les interrogatoires, le policier et le juge étaient allés se balader dans des champs de thé à perte de vue, visiter un village de pygmées, et un orphelinat avec
“des grappes d’enfants autour de Franck, il était heureux”. Franck qui restait concentré sur tous les dangers et avait ses astuces, comme “
ne pas monter dans les voitures officielles blindées qui viennent vous chercher à l’hôtel ; il était du style à préférer les petites bagnoles toutes pourries” pour passer inaperçu, témoigne le juge Trévidic, admiratif et reconnaissant.
Franck Brinsolaro, policier aventurier au sens artistique
Protéger les autres du danger, assurer leur sécurité, était une vocation pour Franck Brinsolaro, assure son frère jumeau, Philippe, lui-même devenu policier, actuellement commandant de police à Marseille, à la tête d'un Groupe de Sécurité de Proximité. Philippe Brinsolaro, qui a dans son bureau un immense photo de son jumeau et une copie de la plaque
“place Franck Brinsolaro”, se souvient que Franck avait séché la fin de la terminale et le baccalauréat pour s’inscrire en catimini au service militaire dans la gendarmerie. Finalement, il opte pour l’uniforme de policier. Franck Brinsolaro a vingt ans. Il devient gardien de la paix en police secours, puis flic de BAC (Brigade Anti Criminalité) dans le 93, avant de débuter ses premières missions à l’étranger, d’abord au service de protection des hautes personnalités (devenu le SDLP).